Commentaire de jer
sur La France face à son passé régional...


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jer (---.---.98.36) 8 février 2006 18:09

L’Histoire, quel beau sujet de dispute !

Il parait avéré que la IIIème République a profité de la création de l’Ecole Publique pour tenter de donner une réalité au concept de peuple français. Pour cela, les programmes ont été unifiés jusqu’à l’absurde sur tous les territoires « français », métropolitains ou non., j’en conviens.

En a découlé, par exemple, l’enseignement obligatoire, par « immersion », du français dans toutes les classes, qui a conduit à la précarisation des langues régionales, ainsi que la mise en avant d’une Histoire de France. Vous trouvez cela mauvais et à renier complètement. Moi, je suis plus indulgent. A propos des langues par exemple, mais ce n’est pas le sujet. Quant à l’Histoire, vous voulez qu’elle crée un citoyen. La IIIème République le voulait aussi, mais elle n’avait pas la même définition !

Cependant, je vous conseillerais de vous pencher sérieusement sur les programmes de l’Education Nationale publiés depuis les années 1970. Vous y constateriez qu’y est énoncée la volonté de faire pratiquer un enseignement critique des documents et que la mémorisation de dates et d’événements n’est pas l’essentiel. Le balancier est allé tellement dans le sens « étude de documents » qu’il semble être allé trop loin et que des historiens demandent à ce qu’on revienne à une histoire événementielle. Je suis témoin du débat depuis presque 40 ans. Je pense qu’il n’est pas terminé.

Vous semblez méconnaitre aussi la part d’autonomie que chaque enseignant a dans sa classe.

Si certains enseignants se contentent de paraphraser les livres qu’ils ont en leur possession, peut-être par facilité, d’autres, - dans quelle proportion ? - essaient de l’enseigner de manière à ouvrir l’esprit critique de leurs élèves. Mais cela ne peut se faire que de manière ponctuelle, pour un événement particulier de l’Histoire, choisi dans la longue frise historique : par manque de temps - 27 heures de cours dans une semaine, moins les récréations, et tout à y caser, cours qu’il faut préparer puis travaux à corriger - et de moyens - combien d’ouvrages à consulter, d’articles à trier si l’on ne veut pas utiliser travail mâché par d’autres ? ...et pour un résultat souvent décevant car beaucoup d’enseignés sautent sur l’occasion pour estimer qu’il est inutile d’apprendre l’Histoire puisque ce qu’on leur apprend sera peut-être faux demain ! Une troisième catégorie d’enseignants - là aussi, dans quelle proportion ? - font malheureusement preuve d’un militantisme actif, pour contredire l’Histoire qu’ils qualifient péjorativement d’ « officielle » et y substituer la leur, qui est, à mon avis, tout aussi critiquable.

Est-il possible que l’Histoire enseignée ne soit pas partisane ? Je réponds non. Si, dans l’actualité quotidienne, il est impossible de connaitre et de commenter un fait, ou une séries de faits, sans prendre parti, consciemment ou pas, comment voulez-vous que le fait historique soit présenté de manière incontestable ?

D’ailleurs vous-mêmes, dans vos exemples, êtes souvent inexact ou tendancieux :

Vous prenez une posture angélique en laissant croire que les histoires locales, régionales, nationales, ne se dressent pas les unes contre les autres. L’exemple de la plaque vannetaise démontre justement le contraire ! Je ne le connaissais pas mais il est à mon avis scandaleux ! Diriez-vous que, juste après la chute de Saddam Hussein, l’Irak s’administrait comme un pays libre alors que les Etats-Unis avaient nommé une sorte de gouverneur ? Même actuellement peut-on dire que l’Irak s’administre librement ? Pour la Bretagne, avez-vous entendu parler de la Révoltes des Bonnets Rouges ?

Je suis aussi scandalisé par le fait que cette plaque suggère que les habitants de Bretagne étaient plus libres avant la Révolution. C’est quand même pousser le bouchon un peu loin même si la Révolution n’a pas concrétisé, comme c’est malheureusement le cas de chaque révolution, les espoirs mis en elle.

Votre article présente aussi en de nombreux endroits des présentations discutables des faits, mais je ne veux pas faire trop long.

En conclusion, je trouve votre article très hypocrite. Sous prétexte de revendiquer un enseignement de l’histoire plus critique - peut-être pourrait-il l’être plus qu’il ne l’est déjà - vous réclamez un autre enseignement officiel qui culpabilise la France. Vous réclamez que la France vous fournisse l’arme et les munitions que vous retournerez contre elle ! Vous vous placez au même niveau que ceux que vous critiquez et qui ont pourtant disparu depuis quelques décennies !

La France disparaitra aussi, c’est une certitude. Quand ? Comment ? Ça... ! Cependant je ne suis pas d’accord avec ceux, tels que vous, qui cherchent à extraire du passé et de leur contexte, des événements pour les « sanctifier » et s’en servir comme socle pour leurs revendications politiques.

Oui, l’enseignement de l’Histoire doit tendre à l’objectivité, mais soyons réalistes, il ne le sera jamais parce qu’il ne peut pas l’être !


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