Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur Journalistes : un peu plus d'audace !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er août 2008 15:10

@ Chris

Article très pertinent qui n’a peut-être qu’une faiblesse : ne pas assumer pleinement l’idée qu’il pourrait y avoir en effet une naïveté à vouloir "que les citoyens soient dans leur droit d’attendre que les journalistes qui côtoient le plus les élites affirment leur indépendance en posant des questions citoyennes".

Les commentaires précédents manifestent un très net scepticisme sous ce rapport et il me semble qu’il est fondé. Bien trop rares sont les occasions de voir ou d’entendre un journaliste accrocher un homme politique sur une question citoyenne, c’est-à-dire, non seulement, lui poser ladite question, mais ensuite, assurer un "suivi citoyen", c’est-à-dire, ne pas permettre au politique de prendre les auditeurs "rien que pour des cons" comme disait Coluche, ne pas le laisser répondre à côté de la question, ou sous forme de langue de bois.

Cette rareté incite à prendre en considération le fait que le journaliste joue sa place, sa crédibilité et qu’il n’est a priori protégé d’aucune pression tant l’intrication des pouvoirs politiques et médiatiques est grande.

L’éviction de PPDA, quoi qu’on puisse dire de l’homme lui-même et de la posture victimaire qu’il a pu vouloir adopter à l’occasion, me paraît assez emblématique du risque de dérapage auquel tout journaliste est exposé en présence de représentants du pouvoir. Nul n’est à l’abri de déplaire, donc, il est fort probable que tous s’auto-censurent comme le suggère Chomsky.

Dès lors, oui, c’est bel et bien de l’audace qu’il faudrait aux journalistes pour se permettre de questionner intelligemment les politiques. Il me semble que cela ne peut se trouver que dans des équipes rédactionnelles dégagées de toute pression. Je pense au Canard Enchaîné. Pour suivre l’idée proposée par Lisa Sion, il vit sans pub, n’est pas la propriété d’un marchand de canon, donc, il y a là de bon gage d’indépendance et de fait, il y a une grande pertinence et une grande audace qui s’y manifestent.

Les hommes sont déterminés par la situation. C’est elle qu’il faut faire évoluer. Quitte à légiférer. Mais nous en sommes loin.



Voir ce commentaire dans son contexte