Commentaire de ronchonaire
sur Les entrailles du classement


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ronchonaire 7 août 2008 11:01

Même si on peut effectivement discuter des modalités de calcul, il me semble que ce classement est malgré tout pertinent pour évaluer la compétitivité des diplômés sur le marché du travail, marché qui est de plus en plus international pour les diplômés de haut niveau (Master et Doctorat). Or, ce classement est à mon sens assez révélateur du fait que la plupart des universités françaises ne parviennent pas à former de bons diplômés de ce point de vue.

D’ailleurs, la question de la "qualité pédagogique" est à mon avis largement surévaluée ; lorsque c’est un Prix Nobel qui vous donne un cours, même s’il est mauvais pédagogue, vous avez quand même beaucoup plus de chances d’être stimulé intellectuellement et tiré vers le haut que si le cours vous est donné par un obscur Maître de Conf’ qui n’a eu son poste que grâce aux soutiens dont il disposait dans sa propre université, qu’il n’a d’ailleurs jamais quittée, même si ce dernier est très bon pédagogue. Vous noterez d’ailleurs que la plupart des manuels de référence dans une discipline donnée sont écrits par des profs faisant autorité (en tant que chercheur) dans leur domaine ; la qualité scientifique et la qualité pédagogique sont beaucoup moins déconnectée que vous ne semblez le penser.

Concernant le "biais anglo-saxon", il faut, là aussi, être réaliste. La langue de travail internationale est l’anglais ; même si cet impérialisme linguistique peut être difficile à accepter, c’est un fait qu’il est difficile de contourner et nous sommes bien obligés de faire avec. Quand je dis "nous", je ne pense pas uniquement aux français mais à tous les non-anglophones. Effectivement, cela place naturellement les universités anglophones en meilleure position ; mais n’oublions pas que ces universités sont également très ouvertes et n’hésitent pas à recruter les meilleurs profs étrangers, quelle que soit leur nationalité. De plus en plus d’universités dans des pays non-anglophones ont d’ailleurs carrément ouverts des programmes Master-Doctorat en anglais pour attirer à la fois de bons étudiants étrangers et de bons profs. La France est en retard de ce point de vue, notamment du fait de l’archaïsme absolu du mode de recrutement des universités françaises qui empêche en pratique tout recrutement en provenance de l’étranger.

Finalement, les universités françaises me semblent être à leur place dans ce classement ; c’est dire le retard qu’il leur faudra combler si elles veulent être compétitives un jour.


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