Commentaire de Sylvain Reboul
sur De Descartes à Benoît XVI ou de l'impossibilité de concilier rationnellement foi et raison


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 15 septembre 2008 13:51

Merci d’avoir apprécié ma démarche philosophique (ce qui n’implique pas que vous soyez nécessairement d’accord avec ma position)

Est douteux ce qui ne peut être démontré ou prouvé comme vrai et qui pourtant est présenté comme tel. Ce n’est donc pas uniquement sur le contenu d’une proposition (ex. "Dieu existe en dehors de ma pensée ou de mon imagination) que porte le doute que sur le fait que l’on affirme comme vrai ce contenu sans pouvoir en apporter la preuve pouvant avoir valeur pour le non-croyant et c’est cet écart entre le prétendue vérité du contenu et l’impuissance à l’établir comme telle qui constitue l’illusion métaphysique.

Celle-ci n’est donc pas une simple erreur, mais une proposition non démontrable prise comme une vérité indiscutable et fondamentale. ce que fait le pape lorsqu’il affirme que l’existence de Dieu est plus qu’une simple croyance subjective indémontrée mais qu’elle est l’objet d’une révélation (foi) qui en fait une vérité indémontrable objective, comme si l’intensité de la foi suffisait sur le plan rationnel à établir la vérité de son contenu, ce qui est proprement absurde.

De deux choses l’une en effet :


- soit la vérité de la proposition qui affirme que l’existence objective de Dieu est rationnellement démontrable, alors une réconciliation entre la foi dans cette existence et la raison est non seulement possible mais impérative.


- soit elle ne l’est pas, alors il est fallacieux et vain de prétendre que la raison peut renforcer la foi, sauf à faire d’elle une simple auxiliaire (servante) de son contenu dogmatique dès lors qu’elle se refuserait à l’interroger quant à sa validité, mais ce serait refuser la rôle critique de la raison . ce qui est proprement irrationnel.

Dira-t-on que la raison doit se limiter à lutter contre les débordements plus ou moins fanatiques et violents de la foi, sans en contester le contenu ?

Mais alors ce serait la raison qui devrait se faire juge de la foi et de ses modes d’expression et elle ne pourrait être simplement à son service, dès lors que l’on ne peut distinguer la foi en une vérité absolue sacrée et incontestable des pratiques qu’elle génère puisque ces pratiques se réclament de cette dernière. C’est la croyance dans l’absoluïté de la vérité universelle divine qui est source de fanatisme plus ou moins violent.

C’est dire que la raison ne connaît aucune limite à son pouvoir critique, y compris de la foi, de son contenu et de ses modes d’expression, sauf à renoncer à ce pouvoir face à l’autorité prétendue, car indémontrable de la révélation, laquelle suppose toujours l’existence réelle de Dieu hors de la pensée du croyant, à savoir sa vérité universelle.


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