Commentaire de Christophe
sur Faut-il moraliser le capitalisme ?


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Christophe Christophe 21 octobre 2008 18:48

@JL,

Un article qui pousse à réfléchir.

Il faudrait, me semble-t-il, s’entendre sur un point : en quoi consisterait une moralisation ?

Nous pourrions le résumer, dans une démocratie, comme les pratiques acceptables par le plus large ensemble possible de citoyens. Mais cette moralisation ne peut en aucun cas se passer de l’outil législatif à l’identique de ce qui se pratique dans la vie politique.

En prenant un exemple extrême dans la vie politique, si nous considérons que le meurtre n’est interdit que d’un point de vue moral, sans outils législatifs pour en dissuader les auteurs potentiels, cela n’aboutit à rien de très probant. Certes, beaucoup de nos concitoyens respecteront ce précepte en se basant sur des valeurs intrinsèquement individuelle mais reposant sur le tu ne feras pas subir à autrui ce que tu ne veux pas subir et/ou le tu ne mèneras pas une action qui te ferais te haïr toi-même. C’est sans doute un point qu’il faut lever, que la loi porte en elle une restriction de liberté, mais elle le fait uniquement lorsque qu’une grande majorité d’individus considèrent que cette restriction de liberté individuelle permet un meilleur développement de la liberté sociale.

Le capitalisme est, dans ses fondements propres, une approche basées exclusivement sur l’intérêt individuel ; même une action menée collectivement est censée n’être motivée que par un principe de conjonction d’intérêts individuels. Il me semble que le restreindre pour permettre un meilleur développement social, un compromis entre individus dont les intérêts divergent, est antinomique au regard des fondement du capitalisme. Aposer des règles inhérentes à l’intérêt général dans une approche qui revendique ses modes de fonctionnement individualistes voire egoïstes n’est rien d’autre que remettre en question l’ensemble de l’approche. Que cela s’appelle par la suite capitalisme ou non, cela n’a pas énormément d’intérêt, seul compte ce que nous entendons dans la définition d’un terme.

Votre question me semble être devons-nous réglementer, pour des besoins sociaux, politiques, le comportement individuel des agents dans la sphère économique ?

Il n’est bien entendu pas question de moraliser la science ; la science n’a pas de morale en soi. L’important est dans les règles sociales communément admises qui doivent en limiter la portée dans les applications que nous en faisons. Ce n’est donc pas la science (entendu théorique) qui doit être réglementée, mais son pendant applicatif qu’est la technique.

Mais cette démarche consisterait, me semble-t-il, à admettre que la science n’a plus à être autonome, qu’elle n’a plus à être déïfiée. L’association entre science et modernisme doit aussi être remise à plat en dissociant bien le modernisme du progrès. Si la science, symbole de la modernité, apporte quelques progrès, elle porte aussi en elle des régressions lorsque nous tentons de connaître l’influence sur les domaines connexes qu’elle ne couvre pas spécifiquement.


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