Commentaire de S2ndreal
sur Le capitalisme se nourrit des excès


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S2ndreal 30 octobre 2008 17:40

@Forest

Connaissez vous le jeu du schmilblick ? Il faut dire à quoi correspond le schmilblik en posant une question au meneur, puis proposer une réponse. Votre question est un schmilblik. Je ne peux que donner quelques questions pour "faire avancer le jeu".

Si je comprends la question, je suppose que l’argent a un taux d’intérêt réel positif. Cela signfie pour moi que l’argent prêté et un pourcentage de cette somme revient à son émetteur avec la fin du prêt. Je prends ici le cas d’un taux d’intérêt positif et constant, pour tous les prêts et dans tous les cas de figure.
Si je comprends la question, la croissance mesure une augmentation du nombre d’échanges, de biens et de services sur un territoire donné. C’est une agrégation d’un gros paquet d’éléments disparates. Pour me simplifier la vie, je suppose que ce résultat est défini de façon satisfaisante. Je suppose aussi que la croissance est possible sans le moindre problème.

Le taux réel positif augmente la masse monétaire en circulation selon une loi exponentielle. Il y a donc tous les ans plus d’argent à prêter à cause de ce taux. Cet argent n’est pas dans l’économie, il est à la banque. Votre question est donc de savoir si la richesse de la banque ou de tout autre organisme de prêt détermine la croissance. Vue autrement, votre question est de savoir si le capitalisme fonctionne.

Est-ce que tous les prêts accordés sont productifs ? Est ce qu’ils dégagent plus d’argent que l’investissement et les intérêts ? Si c’est le cas, il faut encore plus d’argent pour faire tourner la machine. Mais votre question va dans l’autre sens. Est-ce que plus d’argent fait tourner la machine plus vite, plus fort, plus loin ?

Pour me simplifier la réponse, je voudrais me faire l’hypothèse d’une inflation nulle. Mais je dois rejeter cette idée. L’accepter et dire que la masse monétaire augmente tous les ans implique une réponse positive à votre question dans le cadre du modèle que je me donne ici. Il me faut donc, au minimum, la possiblité d’une inflation dans mon modèle.
L’existence de ce taux d’intérêt positif implique une source d’inflation. Je la définis comme une augmentation de la masse monétaire sans augmentation de la quantité de biens et de services. Ici, votre question devient, est qu’une inflation est source de croissance. Je vois un blocage en supposant que les prix n’augmentent pas et que je profite de cette augmentation de la masse monétaire (salaire ?).
Je ne peux enfiler qu’un seul pantalon à la fois, ne dormir que dans un seul lit à la fois, manger un seul repas à la fois. C’est un sérieux goulet d’étranglement à la croissance. Ceci dans le cas où je n’ai pas de problèmes d’argent. Il y aura un niveau où introduire de nouvelles fabriques, usines, etc... n’aura plus de sens. Qu’est ce que je ferais de 1000 pantalons ? Si j’ai des problèmes d’argent, je deviens un blocage à la croissance par ma seule existence. Je n’achète rien.
Par contre au niveau de l’industrie financière, si je considère que ses acteurs sont payés à la commission sur chaque opération, je pense que plus ils ont d’argent à disposition, plus ils feront des affaires. C’est dans leur intérêt. Ici, je pense que l’augmentation d’argent par le taux d’intérêt positif est un moteur à la croissance. Je pense que chaque acteur de cette industrie prélève un intérêt positif à chaque stade de chaque opération.
En conclusion, je me suis fais une image très simple, simpliste du problème. Dans ce cadre, et uniquement dans ce cadre, la quantité de biens et de services n’augmente pas à cause d’un taux d’intérêt positif. Tous les produits financiers connaissent par contre une croissance par le taux d’intérêt positif.
Je suis conscient de n’avoir, au mieux, que fait avancer le schmilblik. Je suis aussi conscient que votre question débouche sur le sujet de l’article abordé ici. Votre question m’a amené tout droit aux produits financiers et autres. Elle m’a amené au blocage par saturation d’un marché. L’innovation peut y augmenter les parts de marché mais ne peut pas faire mettre plus d’un pantalon à la fois à une personne solvable. Les autres sont morts.

Je comprends pourquoi vous n’avez pas de réponse satisfaisante à cette question. Je comprends aussi pourquoi elle vous intéresse. Elle est au coeur de ce qui se passe aujourd’hui en Occident.


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