Commentaire de Absurde
sur Obama : pourquoi il risque de nous décevoir


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Absurde Absurde 6 novembre 2008 17:51

Pour aller dans votre sens, Charles, je suis Blanc-latino (origines provençales-italiennes pour être tout à fait précis) et depuis que je suis en âge d’apprécier la musique j’adore la soul. J’en suis venu par la suite à ses dérivés, rap, hip-hop, trip-hop, j’apprécie beaucoup la breakdance (même si je ne pratique pas) et il y a quelques années je me suis mis à faire de la soul tendance old school (Philly Sound) sur mon ordinateur. Aujourd’hui j’ai mon profil sur plusieurs sites de musique où des gens de tous les âges, de tous les milieux, de toutes les couleurs et de tous les métissages possibles écoutent ma musique et la téléchargent... Noirs compris, sans se préoccuper de ce que le zig qui est derrière le groove, les percus et les orchestrations n’est pas afro-américain (selon la terminologie politiquement correcte en vigueur chez nos cousins d’outre-Atlantique). Par contre je n’aime ni le foot ni l’alcool ni la pétanque ni le rock... dont on pourrait dire vite fait, comme d’aucuns, qu’ils appartiennent à la culture blanche. Vous avez raison de rappeler qu’on n’a pas à réduire quelqu’un aux supposées qualités et vertus de sa culture d’appartenance. Combien de fois ai-je entendu de braves gens intelligentes et cultivées affirmer que les meilleurs chefs d’orchestres, violonistes et hommes d’affaire sont juifs, que les noirs sont très doués pour l’athlétisme et la danse, et les blancs, eh bien, les blancs... et là ils s’arrêtaient net. Parce qu’ils étaient eux-même des blancs et qu’en tant que tels, s’ils pouvaient aisément juger des particularismes qu’ils prêtaient aux juifs et aux noirs, ils n’étaient ni juifs ni noirs pour juger des particularismes que ceux-ci prêtent aux blancs. Car le raisonnement inverse peut être valable. Il est affaire d’ignorance, ou du moins de non-vécu. Si vous avez grandi dans un milieu cosmopolite, vous voyez les choses différemment. 

Pour en revenir à l’Obamania planétaire, car le phénomène est planétaire, ce qui en soi est inédit, elle peut s’expliquer, selon moi, non seulement parce que Barack Obama est Noir, parce qu’il a l’air sympa, qu’il vient du ghetto, en somme qu’il ressemble à un soul man plus qu’à un politicien, mais surtout parce qu’il représente un condensé des métissages du Sud, il est afro-américain, ses origines sont indonésiennes, musulmanes, il porte un second prénom arabe... bref, ce peut être ce côté citoyen de l’autre monde, sorte de porte-parole du Sud, d’icone du tiers-monde, qui joue dans ce phénomène inédit de popularité. 

Le problème est qu’Obama n’est pas un soul man. Il est un politicien. Et c’est peut-être là que le beau rêve, pour beaucoup, achoppera à des réalités pas très glamour. Car jusqu’à plus ample informé, aux Etats-Unis comme en Europe, dans un contexte de mondialisation néolibérale, ce ne sont pas les politiciens qui mènent le jeu, et la démocratie n’est que poudre aux yeux. 


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