Commentaire de Argoul
sur La trouille des Français et le rire des élites


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Argoul Argoul 19 octobre 2006 09:47

Pourquoi JP se vexe-t-il ? Ma réponse était déjà longue et je ne pouvais pas développer « règlementations plus lourdes qu’ailleurs ». Pourquoi JP ne se reporte-t-il pas aux autres notes que j’ai publié sur AgoraVox, notamment « Le capitalisme n’est pas un modèle de société » ? Il suffit de cliquer dans le bandeau en haut à droite de l’article, sous les votes, dans « articles de cet auteur ».

Dans « règlementations plus lourdes qu’ailleurs », il y a « règlementations » et « ailleurs ». Les règlementations françaises ont un travers bien connu : dire le Vrai et l’Unique, pour le Monde entier de toute Eternité. Les politiciens se prennent pour les clercs du moyen-âge, intermédiaires exclusifs entre Dieu et les manants (ou comme les modernes imama qui lisent la voix même de Dieu transmise à Mahomet par Gabriel archange, Djibril en arabe). Eux seuls, les intellos politiciens « éclairés par la divine Raison » savent comment distinguer les Idées abstraites du Bien Idéal platonicien. Et tous les autres sont des cons - je caricature à peine, rencontrez donc un énarque dans l’intimité, vous verrez.

Bien sûr qu’il faut du droit et des règlementations : c’est l’essence même du vivre-ensemble dans un Etat. Mais légiférer en détail, pareil pour tout le monde est imbécile : on le voit avec les 35h dans les hôpitaux, la restauration, sans parler du ministère de la Culture... où il faut travailler plus ! On le voit avec les chômeurs : chercher un emploi à 18 ans, à 22 ans après des études, à 45 ans ou passé 50 ans, ce n’est - dans la réalité vraie - pas la même chose ! Mais pour la règlementation du travail, si. C’est imbécile.

Regardons donc « ailleurs ». Les autres pays, notamment nos voisins européens, ont cette particularité étrange d’être dans le même monde mondialisé que nous, soumis aux mêmes pressions du capitalisme à dominante américaine, et à vouloir quand même rester eux-mêmes avec leurs traditions. Que constate-t-on ? Qu’ils ont un taux de chômage MOINS ELEVE que chez nous ; que la redistribution existe largement chez eux (Suède, Allemagne, Belgique, Hollande, Italie, Espagne...) mais avec des prélèvements obligatoires MOINS ELEVES chez eux (impôts et charges sociales) ; qu’ils ont MOINS DE PAUVRES ou, du moins, mieux pris en charge ; bref, qu’ils ont trouvé quelque chose à faire que nous n’avons pas fait. Pourquoi ne pas les observer et en tirer des leçons ?

Mais voilà : tirer des leçons des autres, quand on est français, énarque ou syndicaliste ou membre d’un parti ou citoyen bercé par la télé, ça fait honte. Cela rabat notre Orgueil de se vouloir à la tête des Intellectuels progressistes du monde entier... Donc, pour ne pas enlever du pouvoir, ni mécontenter les lobbies, on adopte la stratégie d’évitement : « c’est pas fait pour nous », « on pense autrement », « yaka changer le monde ». Et Stan a raison de dire que les Français ne s’aiment pas, n’écoutent pas les autres, restent dans leurs petits clans idéologiques confortables. Des énarques dont parle Ioga aux syndicalistes qui ne vivent que par la règlementation (ce ne sont pas leurs élus qui les financent ni qui les légitiment, selon le livre d’un journaliste de Marianne sorti cette semaine), des partis politiques qui caricaturent pour se démarquer (et exercent ensuite le pouvoir au rebours des déclarations, du fait du prince). Sans parler de l’ignorance abyssale en économie et d’une lecture superficielle des statistiques (dont JP a montré les dangers en confondant productivité par travailleur employé et productivité « du travail » ie de toute la population active susceptible de travailler, inclus et exclus mélangés).

Et, pendant ce temps là, il y a toujours des chômeurs et des pauvres. Et tout le monde s’en fout car « yaka ».


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