Commentaire de Absurde
sur Certains reverdiront après la crise. Nous, pas...


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Absurde Absurde 9 janvier 2009 21:10

Excellent article qui a le mérite d’ouvrir les yeux... à quiconque aura le courage de ne pas les garder fermés. 

Une remarque : il faut avoir pas mal bourlingué à l’intérieur de nos frontières pour prendre conscience de ce que si la France a un jour compté au regard des autres nations, si elle a eu un renom international, si elle a existé en tant que nation-phare économiquement et culturellement parlant, si elle a existé en tant que modèle social, cela s’est fait sans son peuple, à son insu, je dirais même à son corps défendant. Car il y a une immense cassure entre ce qu’a pu représenter la France à l’extérieur de ses frontières et l’idée que se font les français de leur propre pays. Il y a un gouffre entre ce que représente encore ce pays dans l’imaginaire de l’Américain, de l’Allemand, de l’Italien, du Britannique, du Danois, de l’Australien, de l’Irlandais moyens... et ce qu’est le Français dans son milieu naturel, ou ce qu’il prend pour tel. 

Un peuple qu’il faut bien reconnaître comme majoritairement assis sur ses vieilles certitudes, incapable d’ouverture sur le monde extérieur, pire que ça : méprisant du monde extérieur jusqu’à la xénophobie. Un peuple majoritairement incapable de s’exprimer dans une langue étrangère, et quelquefois même dans sa propre langue. Un peuple majoritairement sans culture, ni littéraire ni musicale, n’entendant rien aux Beaux-Arts, ignorant tout de l’architecture, plus enclin à s’intéresser à l’astrologie qu’aux sciences exactes, à l’anecdote qu’à l’Histoire, au cliché qu’à l’examen approfondi, au dénigrement systématique de tout et du reste qu’à leur critique éventuellement constructive. 

Certes, on débat beaucoup, en France. On ne fait même que ça, persuadé que l’on est de ce que le bavardage, pardon, le dialogue, peut tout résoudre. Comme forcément il ne se passe rien, alors on débat sur le rien. Pendant ce temps, les prédateurs que l’on aura élu sur d’éternelles promesses, leur verbiage "accessible au plus grand nombre" ou même leur talent à savoir porter le costard, pendant ce temps les prédateurs agissent, forts de la légitimité d’un suffrage universel qui, nous sommes en train de le vérifier, est dans un tel contexte une véritable arme de destruction massive. 

De l’ignorance à l’impuissance, le peuple de France mène sa barque au naufrage. Nous sommes quelques-uns à nous en rendre compte mais pas d’inquiétude pour tous les autres : du moment qu’ils ont leur ration de variétés à deux balles, leurs footeux, leur pastaga, leurs amuseurs patentés, leurs journaleux vendus et leurs siliconnasses télévisuelles pour les distraire, ils n’en ont rien à fiche de savoir que nous basculons jour après jours vers le totalitarisme. D’ailleurs, si vous leur demandez ce que c’est que le totalitarisme, la plupart vous répondront que ça doit avoir un rapport avec le pétrolier Total. A part ça... ils descendront peut-être dans la rue si on les empêche de sortir la bagnole le dimanche, si on leur augmente la redevance télé, ou pour protester contre les allocations versées aux étrangers. Mais pour le reste, la précarité, les pauvres types qui crèvent à la rue, les milliards d’argent public dilapidés par la sinistre clique de leur cher président depuis qu’ils l’ont élu, la mise sous surveillance de nos gosses dissipés, l’omniprésence des flics qui font de nos rues le pendant de celles de Bucarest sous Ceaucescu, ils ferment leur gueule. 

Personne dans ce pays, ou si peu, pour s’étonner de ce que le nombre de morts de sans-abris et de suicides dans les prisons françaises n’entraîne pas la venue d’observateurs d’organismes supra-nationaux. Personne dans ce pays, ou si peu, pour s’inquiéter de la nomination prochaine d’un Brice Hortefeux aux affaires sociales. Personne dans ce pays, ou si peu, pour mettre en avant le passé d’un Devedjian, ou d’un Hortefeux, déjà nommé, au regard des responsabilités qui leur sont confiées. 

Mais une immense déprime, paraît-il. De la morosité. Pourquoi, au juste ? De très mal gagner sa vie dans un pays que l’on dit riche ? De ne plus pouvoir s’acheter de bagnole neuve et de pavillon en parpaing pour faire le propriétaire ? Ou de piger enfin que si on en est là, c’est qu’on n’y est peut-être pas pour rien ? 


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