Commentaire de checkmate
sur Petite leçon d'interview pour journalistes français


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checkmate 14 février 2009 12:30

Pour les questions 1 et 2, ça pourrait -être parce que les présidents d’université sont en fait majoritairement favorables à la réforme, qu’ils sont très contents du statut qui leur est promis mais qu’ils se rendent compte un peu tard de l’impopularité qu’elle suscite et qu’ils savent retourner leur veste à temps ?

Pour la question 4, une erreur : un enseignant-chercheur n’a pas à partager son temps en 1/2 recherche et 1/2 enseignement puisque cela signifierait qu’il reste 0 heure pour la gestion des tâches administratives, que celles-ci soient propres à l’université ou au bon fonctionnement de ses recherches (écriture de projets, etc.) et 0 heure pour la participation à l’élaboration des programmes et unités d’enseignements, plus 0 heures pour tout ce qui peut exister sans être reconnu dans les services (animations en vue de la diffusion des connaissances type fête de la science, etc.). Cela ne fait pas beaucoup.

Sinon, si on installe une procédure d’évaluation mal faite comme c’est actuellement le cas, il va se passer une chose très simple : les "fraudeurs" qui ont toujours un temps d’avance trouveront toujours des astuces pour contourner une évaluation négative (par exemple en publiant dans des revues qui sont très peu regardantes sur le niveau des publications) alors que la majorité des gens qui font bien leur boulot seront forcément génés pour une raison simple : les chercheurs ne sont pas également productifs sur toute leur vie. Par exemple, Mr X. qui tient une page web a publié 7 articles au cours de ces deux dernières années n’a publié entre 95 et 99. Quel mauvais chercheur il était à l’époque, on aurait du le sanctionner histoire qu’il soit bien dégouté de la recherche et n’y retourne pas.

Je connais d’excellents chercheurs qui sont de piètres communicants. Je suis certain que, si demain il fallait évaluer tous les chercheurs, ils ne seraient pas reconnus à leur juste valeur, tandis que d’autres seraient loués pour leur niveau d’excellence totalement pipeau. Bien sûr ce cas de figure serait fort heureusement minoritaire... un peu comme le nombre de gens qui actuellement ne remplissent pas leurs objectifs en recherche !

Pour la question 5, je botte en touche en réutilisant un argument qui marche très bien.
"Faire des maquettes de master, pas de problème Mr le Ministre, quelle brillante idée Mr le Ministre, on s’en occupe !
Ok, plus qu’à dire à ces feignasses de formateurs de s’activer un peu pour les monter ces fichues maquettes. Comment ça on leur a pas demandé leur avis ? Comment ça ils veulent pas ? Comment ça y’a pas le temps ? Bon, on va commencer par leur expliquer qu’il le faut, on va essayer en douceur, puis on va se facher tout rouge...
Comment ça ils osent se rebeller en masse toutes disciplines confondues en affirmant que cette réforme va casser le système éducatif ?
Allo, Mr le Ministre ? Finalement on me signale que non, ça ne va pas être possible...".

Pour la question 6, à titre individuel, je serais heureux de savoir si j’aurais quand même droit à un verre de vin et une cigarette avant d’être éliminé, vu que je fais partie de ces calamités (dont il faut se débarasser au plus vite) qui feraient passer les plaies d’Egypte pour une épreuve d’intervilles.

Pour la question 7, je sais pas si vous les avez vu, y’a aussi les sciences et les lettres dans la rue et autres). Après les journalistes on leur dit qu’il y a pour la première fois de leur vie les enseignants de droit, ils aiment peut-être bien les nouvelles têtes...


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