Commentaire de ZEN
sur Il est temps d'enterrer Darwin !
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Pour donner envie de lire le livre passionnant de J.C.Ameisen :
"...Dans la lumière et les ombres réussit en effet cet exploit d’être à la fois un livre sur la science, une réflexion vibrante sur l’existence et un voyage poétique vers les origines. Car, en un sens, Darwin a ouvert les portes du temps et du mystère. Il lui a fallu, pour cela, s’intéresser aux vers de terre. Il leur consacre un de ses premiers articles et son dernier livre. Ce qu’on leur doit ? L’humus, la terre cultivable, la possibilité des récoltes. La vie des vers, monotone et sans gloire - ingestion, reptation, déjection - transforme à elle seule les paysages et rend fertile la planète. Ainsi, des actions infimes - dépourvues de toute intention, mais répétées en grand nombre sur des durées immenses - produisent-elles des effets considérables, que nous jugeons ensuite intentionnels et sensés.
SYMBIOSE ET EMPATHIECe changement de perspective que Darwin inaugure a désormais une longue histoire, du moins à l’échelle de nos péripéties contemporaines. En cent cinquante ans, l’idée d’évolution elle-même a évolué. Et Jean Claude Ameisen éclaire les principaux épisodes qui conduisent jusqu’à nous. Les uns évoquent la nuit : à partir des années 1930, la sélection, qui est dans la nature un processus neutre et dépourvu d’intention, devient une politique sociale faite d’eugénisme, puis d’extermination. "Ce que la Nature fait aveuglément, lentement et brutalement, l’homme peut le faire à dessein, rapidement et gentiment", écrit Galton, théoricien de l’amélioration biologique de l’espèce humaine. On voit alors se multiplier en Europe les stérilisations forcées, l’assassinat des handicapés mentaux, bientôt l’obsession de la race. Finalement la "sélection" trie, au bout du quai, ceux qui vont directement aux chambres à gaz et ceux qui mourront en travaillant.
La face claire se compose des chemins récents de la biologie et de l’éthique. Là où Darwin pensait encore en termes de guerre, Ameisen montre qu’on réfléchit aujourd’hui en termes de symbiose et d’empathie. Par exemple, côté symbiose, on sait depuis 1998 que nos cellules ont fini par élaborer le système immunitaire sophistiqué qui nous permet de contrecarrer les attaques microbiennes en utilisant un minuscule parasite, installé il y a 400 millions d’années dans notre ADN. Quant à l’empathie, d’où découlent la solidarité et le souci des autres, elle se révèle bien ancrée dans les neurones des primates et efficace pour leur survie. Somme toute, les leçons de Darwin, auxquelles désormais la science ne saurait échapper, ne font que commencer...." (Le Monde)