Commentaire de BRUNO ARFEUILLE
sur Nationalisation des banques françaises imminente


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BRUNO ARFEUILLE 27 février 2009 09:37
Jean-Pierre Chevallier écrit :
 
" Les branquignols de la Société Générale ont publié des communiqués d’autosatisfaction mercredi 18 février mais pas leurs comptes de 2008 : le document de référence 2008 porte sur les chiffres de 2007 !
 
J’ai demandé des explications à la Générale qui m’a emailé que les comptes 2008 seront publiés le 4 mars, or un honorable lecteur de mon blog, Jean Robique, nous signale qu’ils sont consultables en ligne et téléchargeables sur le site de… Reuters à l’adresse suivante :
 
 
Il s’agit là d’irrégularités graves de communication financière qui sont des délits mais l’AMF n’existe que pour donner du travail et des revenus confortables à ses salariés et il n’y a pas de juge en France pour condamner les banques qui ne respectent pas les lois et les règlements …
 
D’après ce document de Reuters, le total des dettes de la Générale (€ 1 089 milliards) représente 26 fois (c’est le ratio µ) le montant de ses capitaux propres (€ 40,9 milliards) alors que µ devrait être impérativement inférieur à 12,5 selon les règles des ratios Tier d’origine.
 
En effet, la Banque des Règlements Internationaux a imposé aux banques le respect de règles prudentielles connues sous la forme du ratio Tier qui a été défini à l’origine comme étant la part minimale des capitaux propres à exiger, à savoir 8 % du total des dettes (ou inversement pour le µ qui devait être inférieur à 12,5) mais les banques ont réussi à faire adopter des règles qui leur permettent de ne pas respecter ces contraintes.
 
Les mécanos de la Société Générale publient un ratio Tier de 8,8 % alors qu’il est en réalité de 3,75 % en le calculant par l’inverse de µ.
 
Tricher et publier des chiffres qui ne donnent pas une image fidèle de la réalité, c’est construire des villages Potemkine.
 
Les grandes banques américaines (des Etats-Unis !) respectent toutes le ratio Tier d’origine (calculé par le rapport µ entre le total des dettes et les capitaux propres) :
 
Lire le tableau.
 
 
… alors que les grandes banques européennes ont toutes des µ supérieurs à 25 ! sauf les banques privées helvètes comme Julius Baer qui respecte les deux ratios d’endettement,
 
En réalité la situation de la Générale est pire encore car un poste de la rubrique des capitaux propres, « Instruments de capitaux propres et réserves liées » passe curieusement de 7,5 à 17,7 milliards d’euros de 2007 à 2008.
 
L’explication se trouve à la page 24 : « Les titres subordonnés à durée indéterminée émis par le Groupe et intégrant des clauses discrétionnaires relatives au paiement des intérêts sont qualifiés d’instruments de capitaux propres parmi les Instruments de capitaux propres et réserves liées.
Titres super subordonnés à durée indéterminée.
Compte tenu du caractère discrétionnaire de la décision de versement de la rémunération des titres super subordonnés à durée indéterminée émis par le Groupe, ces titres ont été classés en capitaux propres parmi les Instruments de capitaux propres et réserves liées ».
 
… Ce qui signifie en clair et en français que les mécanos de la Société Générale considèrent que les 10 milliards d’euros apportés par les usines à gaz que sont la Société Française de Financement de l’Économie (SFFE) et la Société de Prise de Participation de l’État (SPPE) font partie de son capital, et que ces titres sont donc assimilés à des actions.
 
Or, après avoir bafouillé lamentablement en admettant que l’État allait siéger en tant qu’actionnaire au conseil d’administration de la Générale, Bécassine ( Christine Lagarde ) a bien précisé qu’il ne s’agissait pas d’actions et que l’État ne devait donc pas être considéré comme actionnaire, mais comme prêteur, ce qui a ensuite été confirmé par Sarko qui a même prétendu qu’il s’agissait là d’une bonne affaire pour les contribuables qui vont gagner de l’argent dans cette opération.
 
Il faut donc retirer disons, 10 milliards d’euros des capitaux propres publiés (qui tombent à € 30,9 milliards) pour les reporter en dettes (qui montent à € 1 099 milliards), ce qui fait un µ réel de 35,6 et un ratio Tier d’origine à 2,8 % pour la Générale.
 
Une crise bancaire ! où ça ?
 
Ah ! oui, en Europe, pas aux États-Unis ! ai-je déjà écrit le 31 janvier.
 
Quand les ratios de base ne sont pas respectés, rien ne peut fonctionner normalement.
 
Depuis ces derniers mois, tout peut se produire et même Jean-Claude Le Tricheur en est maintenant conscient : il a déclaré que des évènements considérés comme impossibles ont finalement été possibles !
 
Les éléphants qui sentent venir de loin les tsunamis sont montés sur les collines : les bons spéculateurs ont retiré petit à petit leurs capitaux des banques et de l’Europe depuis le printemps 2007 comme l’atteste la baisse des cours.
 
Que se passera-t-il précisément ?
 
Il est difficile de le prédire car les États en Europe peuvent faire durer impunément un certain temps l’illusion des villages Potemkine.
 
Jean-Pierre Chevallier.
 
 

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