Commentaire de Argoul
sur Les idées des années 30 sont-elles de retour ?


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Argoul Argoul 4 mars 2009 06:46

Vous n’avez pas tort au fond (jusqu’ici). Mais justement, tout change très vite en temps de crise : n’oubliez pas les points suivants :

- les médias peuvent être muselés en un temps record - grâce aux nouvelles techniques d’informatique et de communication : voyez la Chine et internet !

- internet n’est pas la parade ultime... si les libertés démocratiques disparaissent - voyez la Chine, Cuba, la Birmanie, le Zimbabwé et j’en passe. Vous savez qu’ON vous piste sur toutes vos interrogations Google ou Yahoo - et les données sont gardées durant 3 ans. Pour des fins louables en démocratie normale... mais pour quel contrôle absolu en cas de basculement ?

- la mondialisation est réversible : elle s’est bien retournée après 1914... Quant à ce qui pourrait fédérer la mondialisation actuelle (hors du commerce), par exemple le climat, les Chinois n’ont pas tout à fait les mêmes conceptions que les Européens.

- la "fin du colonialisme" me fait sourire. On est certes passé de la schlague directe à des formes plus subtiles, mais la tentation de dominer les autres peuples "enfants" n’a pas disparue. Son dernier avater en est les ’droits de l’homme’ - voyez ce qu’en dit Hubert Védrine : ça part d’une bonne intention, mais nous, Occidentaux, pourquoi sommes-nous persuadés de détenir LA vérité sur la morale universelle ?

- le "vote des femmes "ne change pas grand chose aux mouvements de masse, vous savez. Avant peut-être, lorsqu’elles étaient subordonnées aux mâles et n’avaient aucun droit ; plus depuis qu’elles sont égales des hommes dans la vie civique. Ont-elles moins voté Busch par 2 fois ? Ou plus voté Ségolène Royal ? Bien sûr que non.

- c’est justement une classe moyenne hantée par le déclassement social (ce qui survient lors de toute crise, je l’écris dans la note...) qui suscite les autoritarismes ou les fascismes. C’est ce qui s’est passé en Italie, en Allemagne, en Espagne, dans les années 20 et 30. Il s’agit d’une réaction de peur qui pousse vers l’ordre établi et l’autorité qui peut le préserver.

- les acquis sociaux ne se sont jamais "zacquis" pour l’éternité : c’est juste un rapport de forces qui les maintient, vous n’avez pas remarqué ? Le dernier exemple est celui des békés en Guadeloupe : leurs zacquis séculaires se trouvent désormais contestés. Conséquences de l’élection d’Obama...

- le mysticisme nature et le fantasme de la "pureté" (le bio, le sain et musclé, l’entre-soi, l’austérité morale, etc.) étaient TYPIQUES des mouvements völkisch allemands des années 1880-1940. Hitler était végétarien, vous l’ignoriez ? Le flower power des années 60 n’avait rien à voir : il s’agissait d’un retour "sauvage" (hors du système) à l’existence de base, avec des idées panthéistes et mondiales (les routards). C’était une forme de pureté aussi, mais plus idéaliste et universelle. Rien de cela ne subsiste aujourd’hui (en auriez-vous des exemples ?).

- quant à la géostratégie, justement : l’Occident perd son leadership. La puissance montante est la Chine, avec ses valeurs plus autoritaires et nationalistes... pas vraiment "démocratiques", demandez non seulement aux Tibétains mais aussi à ceux qui contestent les décisions des autorités à Shanghai ou Pékin. Le pétrole est menacé par des intégrismes musulmans qui ne brillent pas par leur tolérance, leur désir du bien commun universel et leur relation avec les femmes. L’Europe reste impuissante faute de savoir ce qu’elle veut. Nous avons 27 criailleries à chaque débat fiscale, économique, politique, stratégique.


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