Commentaire de Plus robert que Redford
sur « Vaches à hublot »... ou comment l'INRA étudie les gaz à effet de serre chez les ruminants !


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Plus robert que Redford 5 mars 2009 22:40

Ah P@py !

Je le pressentais, que tu allais susciter l’effroi chez les "Zamis des Bêêtes !"

Pourtant, la teneur sobre et très bien documentée de ton article en faisait, comme tu nous y a déjà habitués (cf l’élevage de moustiques...) un petit bijou d’enquête naturaliste et positive...

La "hublotisation" des vaches ne date pas d’aujourd’hui, car, lorsque j’étais étudiant à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse dans les années 70, des animaux ainsi appareillés par les chercheurs du département de Physiologie, paissaient dans la prairie au bord du Touch...
Les vaches, absolument pas incommodées d’ailleurs, vaquaient à leur occupation préférée : elles broutaient !

Cette pratique ne posait (et ne pose) à mon sens aucun problème moral, car qui veut étudier ce qui se passe dans une panse a bien plus vite fait d’y pratiquer un accès direct plutôt que d’introduire plusieurs fois par jour une sonde dans la gueule de l’animal, procédé complexe, inconfortable et ô combien plus dangereux pour l’animal !!
Comme l’indique P@py, la panse est un organe propre aux ruminants, gigantesque fermenteur d’une capacité de150à 200litres chez un adulte, où se déroulent des phénomènes microbiens assez complexes, dont l’intérêt majeur est de fabriquer de la matière digestible à partir de cellulose (pas grand nombre d’animaux qui soient ainsi capables de se nourrir en bouffant du coton ! et sûrement pas l’homme !)
D’où l’intérêt majeur de savoir comment ça se passe...

Coup de bol, chez la vache (ou la chèvre, ou le mouton...) la panse est pile sous la paroi abdominale entre la dernière côte et la pointe de la hanche, en partie haute !
Re-coup de bol, la fistulisation (suture de la paroi du rumen à la peau après avoir écarté les muscles) est très facile et particulièrement bien tolérée chez ces animaux..
Re-re-coup de bol, pour rassurer nos amis des bêtes, l’opération est REVERSIBLE !! Il suffit de redécouper le tissu cicatriciel, de refermer la panse, de re-suturer les plans musculaires et de re-suturer la peau par dessus et hop, à part une cicatrice un peu dure au toucher, tout redémarre comme avant...
Le tout pouvant être pratiqué sur un animal debout, sous simple anesthésie locale (paravertébrale) la vache même pas entravée...

Une vache, c’est un peu con, et très gourmand !!  il m’est arrivé à plusieurs reprises de pratiquer cette fistulisation à titre thérapeutique, à savoir lorsque l’animal s’étant goinfré de 8 ou 10Kg de céréales ou de granulés, l’emballement des fermentations l’ayant conduit à la suffocation (ça s’appelle de la météorisation) la seule solution était d’ouvrir de toute urgence la panse, d’en vider le maximum à la main, et de laisser l’accès ouvert le temps que les fermentations gazogènes cessent et que la flore se rééquilibre. On laisse d’ailleurs tout ouvert (pas de boûchon plastique) et on revient refermer 8 ou 15 jours après quand tout est rentré dans l’ordre ! Je suppose que la vache à qui on a sauvé la vie va pas chipoter parce qu’elle a un trou disgracieux qui dégouline verdâtre !!

On est loin des pratiques à la Mengele pour qui le prisonnier moyen était de la matière première jetable...

D’ailleurs, je ne suis pas convaincu que les humains possesseurs d’anus artificiels soient dans une situation plus confortable que les vaches à trou-trous de l’INRA !


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