Commentaire de Sylvain Reboul
sur Le « village global » sera laïque ou ne sera pas !
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L’avis de l’ex-mufti de Marseille ne fait pas plus autorité que celui de n’importe qui, mais je suis d’accord avec lui : la tolérance s’apprend, la question est de savoir comment. Surement pas par la provocation aveugle et ressentie comme insultante mais par l’enseignement critique éclairé et éclairant. J’ai été et je suis encore professeur de philsophie et je vous parle d’expérience : si vous donnez l’impression de mépriser vos élèves ou vos interlocuteurs, vous n’avez aucune chance de les faire réfléchir. C’est incroyable qu’il me faille vous dire de telles évidences...
Enfin je ne vois pas en quoi le principe de la liberté d’expression serait plus sacré que celui du respect de l’autre ou de la non-violence verbale ou physique, ou que celui de circuler sans ceinture de sécurité à la vitesse que l’on désire : dès lors que les principes individuels sont toujours assortis de conditions d’usage pour préserver la liberté et le respect des autres, ils ne sont pas sacrés, à savoir absolus et incontestables quant à la manière dont on les met en oeuvre. Ils sont toujours relatifs et à composer dans le cadre de compromis convenable (Aristote) avec d’autres principes tout aussi importants pour la vie avec les autres. Vous refuseriez que l’on se permette de vous insulter en public ou que l’on vous harcèle, en usant de la liberté de parole, pour obtenir de vous quelques faveurs que vous refusez d’accorder.
Parler de sacré c’est toujours confondre un principe religieux à qui l’on prétend tout sacrifier, y compris sa vie et celle des autres avec un principe d’action dont l’usage est toujours relatif à des situations de possibilité concrètes et à d’autres exigences éthiques. Je laisse le sacré aux religions qui historiquement l’ont toujours manié pour soumettre à la loi transcendante incontestable de Dieu..
Le droit libéral et la politique démocratique n’ont rien à voir avec une quelconque mystique de l’absolu, mais tout avec le rapport complexe, à la fois indissociable et conflictuel, entre la liberté individuelle et la paix civile...
En cela j’ai conscience de m’affirmer athée et donc pleinement laïque en politique et pour cela de refuser toute trace de religion ou de sacré dans le vie politique.