Commentaire de elisabeth
sur Non le discours de Jean-Marie Le Pen n'est pas recevable


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elisabeth 1er avril 2009 19:12

A l’auteur,

Bonjour, je suppose que c’est mon article intitulé "le Pen : victime du Parlement Européen" qui vous a fait réagir.

Tout d’abord merci d’avoir pris le temps d’y accorder quelque importance, et d’avoir par ailleurs lu les commentaires. La conversation était animée, et j’apprécie cela. 

Quelques remarques sur votre propre article : 

"Toute d’abord voici la phrase dans son contexte, déclaration qui lui a valu condamnation le 18 Mars 1991 pour banalisation de crime contre l’humanité"

Monsieur Le Pen, comme vous le reconnaissez vous même, a été condamné, non pas parce qu’il a dit que les chambres à gaz étaient un détail...Mais parce qu’il a remis en cause une décision judiciaire, qui a qualifié les crimes commis par le régime nazi de "crimes contre l’Humanité".

Les médias ont tendance à souvent dire que Monsieur Le Pen a été condamné pour négationnisme dans diverses affaires. C’est qu’on ne fait plus la différence entre les situations :

- condamnation pour banalisation d’une qualification juridique : notion de crime contre l’humanité

- condamnation pour négationnisme, c’est à dire négation de l’existence des crimes commis par le régime nazi

- jugement de valeur d’un homme sur un procédé ayant permis un crime contre l’humanité (juridiquement non condamnable) C’est comme si vous disiez : je pense que la plupart des victimes de la Terreur sont passés sont mortes dans les fleuves de la France plutôt que sous la Sainte Guillotine. 

"le problème des chambres à gaz nazies réside effectivement qu’il n’en reste pas trop d’intact, on en trouve pourtant encore à Dachau et Auschwitz, que M. Le Pen pourrait aller visiter."

L’existence des chambres à gaz n’est pas remise en cause. Ce qui l’est...C’est la manière dont elles ont été utilisée...Et l’importance qu’elles ont, face aux autres procédés utilisés par les nazis, pour exterminer les "races inférieures". 

Que Monsieur Le Pen soulève le problème de la véracité de l’Histoire officielle n’est pas, en soi, condamnable. Et si, comme vous le dites, on peut trouver des chambres à gaz sur le théâtre d’horreur que sont les camps d’extermination...Cela n’atteste en rien (aux yeux de Monsieur Le Pen) que celles ci aient été utilisé pour exterminer "les races inférieures".

Monsieur Le Pen semble être ici partisan de la théorie du complot. Et en bon politicien, il peut s’appuyer sur le fait que l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Pour une raison bien simple...Beaucoup de documents "secrets" (les fameuses archives du Vatican, les travaux des régimes politiques de l’époque qui ont été classé secret défense (ainsi, pour ex, vous ne pouvez, pas plus que les historiens ou les médias) consultez le nom des personnes qui avaient des charges publiques sous l’Occupation.) ne sont pas accessibles au "public" (médias, historiens, citoyens lambda) 

Il lui est donc loisible (puisque des documents restent "cachés") de prétendre qu"une vérité officielle a été décidée par les "Libérateurs" pour notamment couvrir "l’ennemi" de l’opprobe public. Ce ne serait pas la première fois que de telles techniques auraient été utilisées.

Reste que les témoignages des "survivants" est là. Et cela gène de toute évidence Monsieur Le Pen.

"La solution finale via les chambres à gaz est aussi fait découlant de calculs techniques (nombre de personne a exterminer, quantités de Zycklon B commandées…), de témoignages recoupés et unanimes d’anciens SS et de survivants, ainsi que de photos et restes de bâtiments. A l’arrivée des soviétiques, beaucoup des installations de l’Holocauste furent détruites par les SS."
 
Effectivement, les notes des SS, et les témoignages des victimes est là pour conforter la thèse officielle. Mais Monsieur Le Pen pourrait vous dire que les "Libérateurs" ont très bien pu (sur ordres ?) "retrouvés" comme par hasard des carnets avec des informations précises sur le déroulement de l’extermination, et qu’il est tout aussi vraisemblable de penser que les "vainqueurs" ont pu faire pression sur les nazis, contre quelques départs anticipés vers l’Argentine, le Brésil, et autre endroit charmant. Les autorités américaines n’ont elles pas financé les "voyages" (aller simple) de nazis "repentis" ?

Cette théorie peut sembler absurde, mais elle peut parler à un certain nombre de personnes.

« Je crois que c’est un point de détail de la seconde guerre mondiale ». ."Avec cette phrase, il s’absout de tout négationnisme directement puisqu’en concédant que c’est un détail, il ne nie pas leur existence de manière officielle même si l’enrobage des propos comme nous le montrons ici tend à faire passer cette idée."
 
Cela prouve sans doute son habilité politique...Surtout qu’au niveau financier, Monsieur Le Pen n’est pas en mesure de se payer des procès perdus d’avance. En revanche, s’il peut s’absoudre dans cette expression de tout négationnisme, il banalise un "crime contre l’humanité"...Ce qui explique sa condamnation.

"Notez également que, si sur le plan technique, les chambres à gaz peuvent être considérées comme un détail, tout comme la bombe A ou le bombardement de Dresde ; il n’en n’est pas de même sur le plan moral."

Sauf que la Justice n’a pas à s’occuper du "plan moral" en cette affaire. Elle juge les faits...Non les moyens employés pour ce faire. De la même façon que c’est le fait de "tuer" qui est condamnable...Nullement le fait d’avoir tué de telle ou telle manière...Même si "moralement" parlant on trouvera peut être plus "doux" qu’un assassin tue une personne en lui donnant des somnifères alors qu’on trouvera "barbare" un assassin qui l’aurait poignardé, et pas qu’une fois en plus.

"Cette figure de style est à bien comprendre. Les chambres à gaz on un sens bien plus large que du simple matériel technique. Ce sens englobe l’entièreté de l’Holocauste et du crime contre l’humanité qui est l’extermination planifiée et industrielle d’être humains."

Sur le plan symbolique, effectivement, les chambres à gaz sont rattachés à l’extermination d’êtres humains. Comme on rattache la Révolution à la fameuse Sainte Guillotine. Pour la Justice, le procédé reste un procédé, il n’a pas de "sens" particulier. 

Et peut être certain pourrait il trouver "discriminant" (pourquoi pas ?) par la suite qu’on donne une telle importance aux chambres à gaz (qui ont été utilisées en 1942 à 45) en "oubliant" que les camps de "travail" on fait aussi beaucoup de victimes, sans parler des "expériences" faites sur les Hommes par le "Docteur" Goebbels et ses sbires.

De la même manière qu’on peut trouver "insultant" que nos livres d’Histoire s’attarde sur une guillotine qui a certes "travaillé" (particulièrement pendant la Terreur) mais qui n’a peut être pas fait autant de victimes que les "suicides assistés" dans les fleuves de France, la "Lanterne", ou encore les massacres de septembre (toutes les prisons parisiennes, cela fait pas mal de monde)...Tout cela au nom de "la loi des suspects". Et je ne parle même pas des Vendéens... 

"Nous l’avons vu plus haut, la tactique de Le Pen consiste à placer l’existence des chambres à gaz, et par delà l’Holocauste en entier par synecdoque, dans le domaine de la foi. On discute de leur existence comme on le ferait de celle de Dieu ou des martiens."
 
Sauf que Monsieur Le Pen ne fait rien d’autre en la circonstance (et cela même si c’est une manoeuvre politicienne) que de soulever le "doute"...Comme l’ont fait deux journalistes sur le "cas Jeanne d’Arc" ou le font tous les jours les historiens au sujet soit d’un personnage historique (qu’on se souvienne de la "polémique" sur Napoléon et le Code Noir), d’une Société (les Français soutenaient ils Pétain à ses débuts du moins ?)
 
Que disent les historiens ? Qu’ils regardent la "vérité" d’une période...Et dans la mesure du possible, ils essayent de comprendre où est la limite à la propagande et où commence la vérité. Si vous lisez l’Histoire de la Révolution en 1789 (oui déjà !), en 1793, en 1799, en 1830, en 1948, en 1989...Vous avez une vision très différente...Parce qu’évidemment, ceux qui ont transcris leur vision...Ne sont pas objectifs (même s’ils ont essayé de l’être) 

"Nous le retrouvons bien dans « voulez vous me dire que c’est une vérité révélé ? », allusion aux religions révélées. Les témoignages des bourreaux et des survivants ne sont finalement que des genres de textes évangéliques auquel chacun est libre de croire ou pas."

Ne prêtons pas de telles pensées à Monsieur Le Pen. Il est plus probable qu’il s’installe dans la théorie du complot : la vérité écrite par les vainqueurs de la guerre. 

"Si la phrase tant décriée peut être encore défendue par quelques fans véhéments, l’ensemble des propos de Le Pen cité ici est une forme abjecte de banalisation de crime contre l’Humanité"

Cette phrase peut être décriée sur un plan moral, nullement juridique. Monsieur Le Pen n’a pas "banalisé" un "crime contre l’Humanité" puisqu’il ne s’en prend pas au "crime" en question...Mais à l’un des procédés qui ont permis le crime.

En tant que parent d’une victime assassinée, le fait de savoir si on l’a étranglée ou si on lui a fait boire quelque chose avec des médicaments, aura son importance...Pas pour le juge.

"sous couvert d’être "pointilleux" sur la seconde guerre mondiale (il l’est bizarrement moins quand il s’agit de la guerre de cent ans et de sa pucelle ...)"
 
L’existence de Jeanne d’Arc est parfaitement reconnue, et les affirmations sensationnelles soulevées par les journalistes auteurs du "cas Jeanne d’Arc" ont été démolies par Colette Beaune, historienne, et spécialiste de Jeanne d’Arc, et du Moyen Age en général. 

"Quand la haine de l’autre s’exprime ainsi aussi fortement, car un négationniste est avant tout une personne qui hait autrui, il a de quoi avoir peur effectivement pour l’avenir."

Sauf que vous avez reconnu vous même que Monsieur Le Pen n’était pas dans une situation de négationnisme...
 
" Etre en désaccord avec l’attitude des eurodéputés envers le leader du FN ; cela ne devrait pas impliquer de défendre les propos condamnés de celui-ci."
 
Je ne défends pas les propos de Monsieur Le Pen. Je les évalue au regard de ce que dit le Droit. 


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