Commentaire de Debby Gore
sur Michel Bounan et la folle histoire du monde, soyons altermédiatistes


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Debby Gore (---.---.124.86) 2 novembre 2006 15:02

Cher Demian,
Indéniablement Bernard Dugué a lu ce livre, mais, comme dirait l’autre, « l’a-t-il bien lu ? » A la lecture de ce commentaire de lecture on peut en être sceptique :
Comment peut-on écrire « les vieilles civilisations agricoles, avec leurs hystéries collectives spécifiques », quant une bonne partie du livre est consacrée à la description des 3 facettes sous lesquelles se présentent les socionévroses (phobique, obsessionnelle, hystérique) et à la liaison entre une forme et une civilisation particulières, et qu’« indéniablement » Bounan montre que les civilisations « impériales/agricoles » sont liées majoritairement à la forme phobique et non hystérique ?
Comment peut-on écrire « sans être citée par Bounan, la thèse de Max Weber sur l’éthique protestante est présente en filigrane » quand p.140 de l’ouvrage on peut lire « la relation établie par Max Weber entre l’idéologie protestante et le développement du capitalisme relève de cette même origine socionévrotique » ? Et que l’ouvrage est référencé dans la bibliographie ?
« L’étude historique des civilisations et des sociétés peut s’effectuer sous des angles multiples ; analyse de la culture, des arts, des institutions politiques, des techniques, de la communication (voir à ce sujet la médiologie instituée comme spécialité par Régis Debray), mais aussi des névroses présentes dans le corps social, et c’est cette approche qu’a choisie Michel Bounan. » Voila bien un « angle » tout à fait symptomatique d’un esprit « scientifique » actuel, bien neutre et bien inoffensif : étudier chaque aspect d’un ensemble plus vaste en tant qu’objet séparé ; mais évidemment ce qui n’est pas dit ici, et qui ne semble pas avoir troublé outre mesure notre bon critique, c’est que « l’angle » adopté par Bounan permet de rappeler cette évidence que tous les aspects d’une civilisation, qu’ils soient culturels, artistiques, institutionnels, philosophiques, psychiques, sont liés à la forme d’organisation de cette civilisation, dans l’époque où elle existe, et aux fondements qui la sous-tendent, dont témoignent les socionévroses.
Je n’épiloguerai pas outre mesure. Le lecteur curieux pourra aisément se procurer l’ouvrage de Michel Bounan et se faire sa propre « opinion ». Il est juste à noter une nouvelle tentative maladroite de dilution d’une pensée réfractaire à toute concession dans un solvant plus inoffensif (Debray, Forrester...), par des gens qui ne l’ont même pas comprise. Mais à n’en pas douter il est des époques où émergent des conceptions dont la durée risque d’aller un peu au-delà de la cryptoseconde.
Cordialement,
Debby Gore


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