Commentaire de Monolecte
sur Autopsie du sentiment amoureux


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Monolecte Monolecte 26 août 2009 11:20

La principale grande difficulté de l’amour, c’est la réciprocité. Tomber amoureux, c’est bien beau, mais rien ne garantit que l’objet du sentiment amoureux appréciera cette attention particulière et la ressentira à son tour. Le sentiment amoureux est difficile à vivre à cause de la grande insécurité affective dont il s’accompagne. On peut être foudroyé par quelqu’un que l’on laisse de marbre, mais, un peu comme le chat de Schrödinger (qui, en plus, bien échaudé, craint l’eau froide !), tant qu’on n’a pas déclaré sa flamme, on vit dans l’incertitude la plus complète, à collectionner les signes et les vides et à se demander s’ils sont significatifs ou seulement la projection de nos désirs dans une réalité qui nous échappe.

Donc, oui, bien sûr, il faudrait toujours annoncer la couleur pour être fixé, mais ça revient un peu à se jeter du haut d’une falaise à poil et sans élastique : absolue ivresse de l’envol au départ et claquement mat de ta tronche qui explose sur les caillasses à l’arrivée. Faut du bide pour se jeter dans le vide et nous n’avons pas tous des vocations à ouvrir des annexes de Jardiland avec notre collection de râteaux. Car le râteau fait aussi partie de la vie amoureuse et un sale râteau dans la gueule nous enseigne qu’on devrait apprendre à tomber amoureux de gens plus intelligents et sensibles, capables d’éconduire gentiment celui ou celle qui n’a pourtant pas choisi de se fourrer dans un tel traquenard.

Alors du coup, oui, pour éviter de se faire écorcher vif à chaque mauvaise connexion, on préfère ne choisir que des partenaires auxquels on ne risque pas de s’attacher, que des gens dont on n’en a rien cirer de savoir s’ils vous apprécient au non, des petites saillies faciles et sans lendemain, sans surprises, sans souffrances et sans promesses non plus. On vit alors un peu à l’économie, on blinde notre épiderme de bébé derrière une armure de porc épic, on est un peu comme ce voyageur qui traverse tous les pays en ne bouffant qu’au Mac-Do : la bouffe est standard, on n’est jamais surpris, ni en bien, ni en mal, on sait ce qu’on bouffera, on évite de penser aux expériences gustatives que l’on rate forcément et qui, bonnes ou mauvaise, auraient mis du relief à notre parcours et puis, tout doucement, on oublie qu’on avait un palais et qu’on savait apprécier les bonnes choses...


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