Commentaire de armand
sur Ramadan à Stamboul - nostalgies ottomanes ?


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armand armand 22 septembre 2009 10:23

Cem,

Merci de votre commentaire - j’avoue que je m’attendais à vous voir sur ce fil, et je n’ai pas été déçu ! Je ne saurais intervenir dans un débat « entre Turcs » - avec SySati vous crystallisez les deux points de vue, parfois jusqu’à la caricature.

« L’alcool, les femmes, la jouissance de ces plaisirs n’a jamais réussie aux peuples musulmans, c’est d’ailleurs ce qui a été la cause de la chute de l’empire ottoman ». Ah bon ? Il me semble que toute la littérature classique arabe, persane, ottomane, ourdoue parle beaucoup de ces plaisirs. Et même le nom des établissements à vin, le « meyhane » est d’origine persane, et figure dans les vers de Hafez, Sa’adi, Omar Khayyam.
Quant aux ’femmes’, la littérature érotique issue des pays musulmans est nettement plus développée qu’en Occident - en tout cas à la ’Grande époque’.
Quant aux raisons de la chute du Califat ottoman (privant le Proche Orient tout entier d’une unité qui, à mon sens, nous aurait épargné cent ans de guerre), je ne crois pas qu’on puisse épingler le goût des plaisirs. C’est une vision, permettez-moi, un peu coloniale - celle des Anglais, notamment, qui justifiaient leurs avancées coloniales par la supériorité de leurs administrateurs, austères, disciplinés, taciturnes sur les Orientaux lascifs et paresseux et abrutis par les plaisirs. En Inde, l’austère Aurangzeb a certainement fait plus de mal à l’empire moghol que le jouisseur Shah Jahan, constructeur du Taj Mahal...
Les sultans du XIXe siècle étaient, pour l’essentiel, consciencieux, travailleurs, lucides. Il n’y avait aucune fatalité à ce que l’Empire s’écroulât, même s’il subissait les menées impérialistes de la Russie, la Grèce, la Bulgarie. C’est la politique irresponsable des « Jeunes-Turcs », précipitant la Turquie dans une alliance irréfléchie avec l’Allemagne (Abdul-Hamid, renversé en 1908, se méfiait des Anglais mais estimait que ce serait une erreur de s’opposer à eux) qui a entraîné sa chute. Tout comme celle, également désastreuse, de l’Autriche-Hongrie.

Sur la question de l’intervention de l’armée, là aussi, je vous laisse en débattre entre Turcs.
Maintenant, ce que vous dites de l’alcool n’est pas faux - comme je l’ai écrit, il n’est que de comparer la bonne tenue des foules de l’hippodrome avec les dérèglements soulographiques du Champ de Mars ou de Trafalgar Square. Mais je déplore néanmoins que l’Etat ait fait doubler le prix du raki.... même si celui-ci se présente désormais dans des flacons très élégants !
Le président Abdullah Gül ne boit pas... mais il a toujours de l’alcool chez lui à offrir aux invités.


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