Commentaire de bluebeer
sur Eric Zemmour : « Ce qui préoccupe les Français, c'est bien sûr leur identité nationale, »plus que de trouver un travail"...


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bluebeer bluebeer 10 novembre 2009 22:43

Bonjour à tous,

Quelques réflexions en vrac :

Les Français se foutent probablement pas mal de l’identité nationale mais sont assez préocuppés par le thème de l’immigration. C’est sur cette base que Sarkozy a mené campagne. Sans la trouvaille percutante des formules « racaille » et « karsher », il ne serait pas président aujourd’hui.

Ce que les citoyens lambda redoutent, c’est l’accumulation de vastes ghettos intérieurs correspondant à autant de zones de non-droit, violentes, paupérisées, improductives, dans lesquelles ils voient d’abord des foyers d’insécurité métastatiques, en France mais aussi en Europe. Les thèmes d’assimilation, de métissage, ça leur passe par dessus la tête. Par contre, l’incivilité, l’insécurité, ils sont de plus en plus nombreux à connaître au quotidien.

Ils redoutent également le naufrage de leur système de sécurité sociale, plombé par un arrivage massif d’assistés sociaux potentiels, ainsi que la compétition d’une main d’oeuvre peu qualifiée sur un marché de l’emploi de moins en moins florissant. En temps de crise, le Français « de souche » considère, à juste titre, comme une aberration de partager des ressources en voie de raréfaction avec un nombre toujours croissant d’allochtones.

Au nom d’idéaux généreux et de political correctness, les partis politiques traditionnels font le plus souvent l’impasse sur ces thèmes, où ne les abordent que de manière superficielle et insatisfaisante. C’est pourtant un jack pot électoral, qui a valu un premier tour victorieux à Le Pen, une présidence à Sarkozy.

C’est une double erreur de confondre les thèmes d’immigration et de racisme. D’abord, d’un point de vue sociologique et politique, on peut légitimement s’inquiéter de l’impact du phénomène d’immigration sur l’homéostasie sociale d’une nation sans avoir recours au moindre argumentaire raciste. Nombre de conflits sociaux, religieux ou interethniques en Europe, n’impliquent pas de facteur racial à proprement parler (les exemples abondent en Europe, notemment entre communautés ethniques ou linguistiques). Ensuite, d’un point de vue stratégique, stigmatiser tout débat sur l’immigration au prétexte commode de « racisme » ne fait que figer et envenimer une situation qui pourtant nécessite à la fois réflexion et action.

La race est un concept biologique flou. Elle existe comme phénomène génétique statistique, transitoire, associé à une distribution géographique de population, stabilisé dans un biotope pendant une certaine période de temps. Elle n’existe pas parce que justement phénomène transitoire, en constante évolution. Les races se croisent, se mêlent, se fondent. Ce ne sont pas des barrières, à peine des taches qui se mélangent. Discuter de leur supériorité ou infériorité relative n’a strictement aucun sens, cela revient à discuter de statistiques évanescentes.

Pour des gosses de trois, quatre ans qui jouent dans une cour de récré, le concept de race est vide de sens. Ils ne voient que d’autres gosses en train de jouer, point. Ce n’est que plus tard, lorsque la vie aura distribué les cartes et que chacun se cherchera des alibis, que la « race » endossera un semblant d’épaisseur, de réalité. En réalité, par race, on entend le plus souvent « ethnie », ou culture, ce qui n’a rien à voir.

De la même manière, assimiler les immigrés à l’Islam est ridicule. Autant assimiler les Français au bérêt, à la baguette, aux charentaises et au catholicisme. Les gens veulent vivre avec un minimum de moyens, de respect, de fierté. Les beurs et les blacks de seconde génération, qui n’ont rien demandé mais qui sont là quand même, ont vite compris qu’ils ne partaient pas en pole position dans la course à la promotion sociale. Tenir un discours ultra, arrogant, pseudo religieux est pour eux une manière de se donner une contenance, une dignité, même si en gros c’est du flan, et qu’ils les troqueraient volontiers pour un bérêt et des charentaises si l’occasion s’en présentait vraiment.

Zemmour n’est pas original mais il est malin. Il a compris qu’un minimum de brutale franchise lui vaudrait une belle réputation d’esprit rebelle et indépendant. En fait, il se contente de mettre gaillardement les pieds dans le plat, au grand soulagement de tous ceux qui en ont marre du ronron médiatique habituel. Il a des impertinences de sale gosse, et surfe sur la même vague que Sarko ou Le Pen. Il flatte son auditoire, bien loin de le provoquer. Comprendre est plus difficile et moins vendeur que fustiger. Un bon bateleur, certainement. Mais un grand penseur, il y a de la marge.


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