Commentaire de Philippe Vassé
sur Exportations françaises : quand la politique nationale tue l'économie du pays


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Philippe Vassé Philippe Vassé 13 janvier 2010 21:46

Cher Marc,

Vous faites totalement et profondément erreur : la venue du Dalaï-Lama ou le fait que des démocrates chinois vivent en France n’ont jamais nui aux exportations de la France vers aucun pays, Chine incluse.

On verse là dans les fantasmes franco-français sur la Chine, vu comme un pays rigide sur le plan idéologique, ce qui est contraire à tous les faits depuis des décennies.

La meilleure preuve est que les Coréens du Sud ont aussi reçu le Dalaï-Lama et ont gagné un marché en Chine. Sans oublier leurs relations houleuses avec la Corée du Nord, dont le régime est soutenue à bout de bras par le gouvernement de Pékin.

Beaucoup d’observateurs de la Chine, superficiels, confondent la question de la perte de la face (l’humiliation dans la culture chinoise est la pire des choses) avec les dossiers politiques, traités à Pékin de manière bénéfique aux intérêts du régime.

Avec la Chine, comme avec les pays arabes, la perte des marchés n’est pas dû ; comme les politiques français le disent pour s’exonérer de leurs fautes, au fait que les spécialistes ne savent pas commercer (encore faudrait-il que le niveau politique n’interfère pas dans ce champ d’activités), mais bien au ressenti des populations contre la politique GENERALE de la France face à ces pays.

Vous prenez donc le problème résolument à l’envers et à contre-courant des faits établis.

Dans les interviews que l’article relate, personne en Chine ou ailleurs ne critique la France pour ce qu’elle dit ou fait face aux affaires INTERIEURES du pays concerné.

Les critiques pleuvent sur le traitement en France des ressortissants chinois et/ou arabes, sur l’accueil en France pour les étrangers, y compris les touristes, sur Roissy, sur ce qui est vu comme des positions racistes et fermées au monde.

C’est en tout cas ce qui ressort de tous ces échanges, dont certains avec des responsables de haut niveau.

Maintenant, sur la question des exportations, au lieu de continuer à élaborer vainement des hypothèses sur ce qui dysfonctionnerait en France sur le seul plan commercial, si vous écoutiez les analyses et observations de NOS INTERLOCUTEURS, peut-être la solution du mal pourrait être construite avec intelligence.

Car, justement, les affaires, ce ne sont pas que les affaires, un faux et nocif dicton américain que plus personne ne suit aujourd’hui.

Dans un cadre mondialisé, les relations commerciales font intervenir des facteurs très divers qui doivent être pris en compte afin de ne pas échouer et répéter en boucle ses erreurs passées. On est plus en 1900 avec des liens d’entreprise à entreprise, voire de responsable à responsable de pays voisins ou de culture proche.

Le signe particulier de la France dans le domaine international, c’est l’incapacité à écouter autrui, à le comprendre et à répondre vraiment à ses attentes.

L’attitude actuelle de morgue et d’arrogance politique, d’ignorance des besoins et souhaits du client potentiel, d’égotisme permanent est RESSENTI par nos interlocuteurs comme du mépris inacceptable qui doit ensuite être sanctionné.

C’est là que réside le problème de fond. Le reste est secondaire si cette attitude change et permet une relation positive avec des PARTENAIRES à regarder et traiter comme tels.

Bien cordialement,


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