Commentaire de Marc Bruxman
sur Les premières années de l'informatique


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Marc Bruxman 1er février 2010 19:09

L’informatique a commençée bien avant les années citées.

L’informatique est la science de l’information et elle n’a rien à voir avec les ordinateur. Comme le disait si bien Dijkstra :
« Computer science is no more about computers than astronomy is about telescopes. »

Si l’ordinateur est l’outil qui a fait exploser l’informatique, la gestion de l’information fait partie des préoccupations humaines depuis la nuit des temps :

  • Euclide lorsqu’il a crée son « algorithme » pour faire des divisions étaient déja d’une certaine façon un informaticien. 
  • Les imprimeurs, conscient que le livre offrait « trop » d’information, ont inventé les systèmes de paginations, les indexes, les chapitres. Toutes choses qui n’existaient pas forcément avant Gutemberg. Mais avec l’explosion d’information induite par Gutemberg, il a fallu créer un système pour s’y retrouver.
  • La plupart des administrations ont développées des bureaucraties avant l’informatique. Elles stockaient des informations et fesaient en sorte de les retrouver par divers moyens plus ou moins sophistiqués. 
  • L’invention de machines industrielles comme le métier à tisser de Jacquard était déja une tentative de rendre nos machineries « programmables ». Même si elle était très limitée.
C’est parce que nos sociétés utilisaient déja des moyens informatique évolués qu’elles ont éprouvées de plus en plus le besoin d’automatiser cette tache.

Si Alan Turing et sa fameuse « machine » peut être considéré comme un grand inventeur, il l’a inventé en cherchant à résoudre un tout autre problème et une machine de turing était avant tout un outil « théorique ». Mais lorsque ses travaux ont rencontrés ceux de Von Neumann, l’ordinateur « moderne » était né.

Mais la rencontre entre ces deux génies ne doit pas faire oublier que la société IBM existait depuis déja de nombreuses années et qu’elle fournissait déja de la machinerie pour automatiser le traitement de l’information (et notamment les recensements). Il existait de ce fait un besoin et de nombreux ingénieurs travaillaient à le satisfaire. Et ils y travaillaient depuis longtemps déja comme en témoignent la machine de Babbage, ou les travaux d’Ada Byron. Mais c’est effectivement ce besoin qui devenait de plus en plus pressant qui a aidée les progrès. Et qui a fait que les travaux de Turing ont été compris dans le sens dans lequel ils ont été compris. Si Turing avait fait ces travaux 200 ans plus tot, probablement que ses contemporains ne lui auraient pas vu la même « valeur ».

L’invention de l’ordinateur offrira toutefois un fabuleux terrain d’expérimentation qui va révolutionner l’informatique et la transformer en science. (Science qui n’en est qu’a ses balbutiement). Le défrichage de la théorie des langages, la théorie des graphes et celles des automates, la création des premiers systèmes d’exploitations (et des concepts théoriques qui vont avec) sont probablement beaucoup plus significatifs que le simple aspect « matériel » si c’est l’informatique en tant que telle qui nous intéresse.

L’invention de l’ordinateur a de ce point de vue libéré le diable de sa boite. Et ce n’est pas fini. Pour l’instant, les informaticiens sont dans une course à la complexité ou chaque progrès est réinvesti pour permettre la création d’applications de plus en plus complexes et rendre cette complexité « gérable ».

La création d’applications distribuées reste un sujet de recherche et il nous manque des outils théoriques pour appréhender facilement la création de telles applications. Car c’est bien beau d’avoir du « cloud computing », mais si on ne peut pas écrire des applications l’exploitant à fond, cela ne sert à rien. Mais tellement d’énergie est investie la dedans que cela va venir. Des progrès comme l’algorithme Map-Reduce de Google ont déja été accomplis. D’autres vont suivre. Lorsque cet obstacle sera réglé, vous verrez alors apparaitre une nouvelle génération d’applications informatique.


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