Commentaire de Aurélien Péréol
sur Hémiplégie du regard politique
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Le sociologue Hugues Lagrange a écrit un livre et un article sur ce sujet : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-poids-des-origines-ethniques-et-la-delinquance_919273.html
A la différence d’Hugues Lagrange, je ne parle pas d’hypocrisie, je ne souhaite pas rejeter celles et ceux qui ne pensent pas comme moi du côté du mal, mais d’hémiplégie du regard, c’est-à-dire de compléter l’analyse par la prise en compte d’autres facettes du réel.
« Faute de s’intéresser aux individus dans leur globalité, les politiques publiques se privent de leviers essentiels » parole d’Hugues Lagrange apparamment. Je ne suis pas tout-à-fait d’accord. Ce sont les citoyens français, qu’ils soient de droite ou de gauche, qui refusent de s’intéresser aux individus dans leur globalité et produisent ces politiques publiques inadéquates. Ils les produisent directement par l’absence de cette globalité dans les débats... et indirectement, parce qu’ils n’en sont pas les organisateurs, au sens technique de l’organisation. C’est évidemment ce dernier point qu’ils prennent en compte.
Suite de l’article : Mais les tenants du tout-sécuritaire, ceux-là même qui « laissent se propager les contrôles au faciès au mépris des règles élémentaires de déontologie », fustige l’auteur, refusent de communiquer aux chercheurs l’origine des délinquants. Comment dès lors disséquer la secrète alchimie qui pousse certains au pire, et en assagit d’autres ? La gauche est tout aussi coupable à ses yeux, quand « elle prétend créer une société de Bisounours »... Pour moi, ce sont les deux faces d’une même médaille. Deux hémiplégies contraires, si vous voulez. Je suis en accord complet avec Hugues Lagrange.
En 2005, j’avais écrit « les taiseux des banlieues » pour dire qu’il ne fallait pas projeter sur ces citoyens (ou non-citoyens, mais résidents) des explications issues d’autres moments, d’autres situations, et qu’il fallait prendre langue avec ces émeutiers, parler avec eux, les faire parler : « La fondation Copernic propose de dire « le sens que ces actes violents ont pour ceux qui les commettent même s’ils n’ont pas les mots pour les dire. » Les pauvres gens ont de pauvres mots et il est nécessaire de leur dire ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Le mépris de cette attitude échappe à ceux qui le pratique. » Ouest-France avait publié ce texte et le Nouvel-Obs un extrait.