Commentaire de Abderraouf
sur Mahomet et islam : une étonnante histoire, quatrième et dernière partie
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« Dès lors, on comprend l’insertion dans le texte du mot Yahwé alors qu’il n’a été « révélé » qu’au temps de Moïse. »
Non M. Mourey , c’est définitivement autrement plus complexe.
Début de citation
… C’est un peu plus tard, peut-être au cours du Xe siècle avant J.-C. qu’aurait été rédigé le texte dit « yahviste ¹ » du Pentateuque qui va former l’ossature des cinq premiers livres dits de Moïse. Plus tard, on ajoutera à ce texte la version dite « élohiste2 » et la version dite « sacerdotale3 ».
Le texte yahviste initial traite de la période des origines du monde jusqu’à la mort de Jacob. Il émane du royaume du Sud (Juda). A la fin du IXe siècle et au milieu du VIIIe siècle avant J.-C., dans le royaume du Nord (Israël), s’élabore et se répand l’influence prophétique avec Elie et Elisée dont nous possédons les livres.
C’est aussi l’époque du texte élohiste du Pentateuque qui couvre une période beaucoup plus restreinte que le yahviste car il se limite aux faits concernant Abraham, Jacob et Joseph. Les livres de Josué et des Juges datent de cette période. Le VIIIe siècle avant J.-C. est celui des prophètes écrivains : Amos et Osée en Israël, Isaïe et Michée dans le royaume de Juda. En 721 avant J.-C., la prise de Samarie met fin au royaume d’Israël. Le royaume de Juda reçoit son héritage religieux.
Le recueil des Proverbes daterait de cette période, marquée surtout par la fusion en un seul livre des textes yahviste et élohiste du Pentateuque ; ainsi est constituée la Torah. La rédaction du Deutéronome se situerait à cette époque. Le règne de Josias, dans la seconde partie du VIIe siècle avant J.-C. coïncidera avec les débuts du prophète Jérémie, mais l’œuvre de ce dernier ne prendra forme définitive qu’un siècle plus tard. Avant la première déportation à Babylone de 598 avant J.-C. se placent la prédication de Sophonie, celle de Nahum et celle de Habacuc.
Au cours de cette première déportation, Ezéchiel prophétise déjà. Puis ce sera la chute de Jérusalem en 587 avant J.-C., qui marquera le début de la deuxième déportation, celle-ci se prolongeant jusqu’en 538 avant J.-C. Le livre d’Ezéchiel, dernier grand prophète et prophète de l’exil, ne sera rédigé dans sa forme actuelle qu’après sa mort par les scribes qui seront ses héritiers spirituels.
1. Ainsi appelé parce que Dieu y est nomme Yahvé.
2. Ainsi appelé parce que Dieu y est nomme Elohim,
3. Elle provient des prêtres du temple de Jérusalem.
Ces mêmes scribes reprendront en une troisième version, dite « sacerdotale », la Genèse pour la partie s’étendant de la Création à la mort de Jacob. Ainsi vont être insérés, à l’intérieur même des deux textes yahviste et élohiste de la Torah, un troisième texte dont on verra plus loin un aspect de ses intrications dans les livres rédigés approximativement quatre et deux siècles plus tôt. A cette époque apparaît le livre des Lamentations.
Sur ordre de Cyrus, la déportation à Babylone se termine en 538 avant J.-C., les Juifs regagnent la Palestine et le temple de Jérusalem est reconstruit. Une activité prophétique reprend, d’où les livres d’Aggée, de Zacharie, du troisième Isaïe, de Malachie, de Daniel et de Baruch (celui-ci écrit en grec). La période qui suit la déportation est aussi celle des livres de Sagesse : les Proverbes sont rédigés définitivement vers 480 avant J.-C., le livre de Job au milieu du V siècle avant J.-C. L’Ecclésiaste ou Qohêlet date du IIIe siècle avant J.-C., qui est aussi celui du Cantique des cantiques, des deux livres des Chroniques, de ceux d’Esdras et de Néhémie ; l’Ecclésiastique ou Siracide apparaît au IIème siècle avant J.-C. ; le livre de la Sagesse de Salomon et les deux livres des Maccabées sont rédigés un siècle avant J.-C.
Les livres de Ruth, d’Esther et de Jonas sont difficilement datables, comme les livres de Tobie et de Judith. Toutes ces indications sont fournies sous réserve de remaniements ultérieurs, car ce n’est qu’un siècle environ avant J.-C. que l’on a donné aux écrits de l’Ancien Testament une première forme qui, pour beaucoup, ne deviendra définitive qu’au Ier siècle apr. J.-C. Ainsi, l’Ancien Testament apparaît comme un monument de la littérature du peuple juif des origines jusqu’à l’ère chrétienne. Les livres qui le composent ont été rédigés, complétés, révisés entre le Xème et le Ier siècle avant J.-C. Ce n’est nullement un point de vue personnel qui est donné ici sur l’histoire de leur rédaction.
Les données essentielles de cet aperçu historique ont été empruntées à l’article « Bible » écrit pour l’Encyclopedia Universalis¹ par J. P. Sandroz, professeur aux Facultés dominicaines du Saulchoir. Pour comprendre ce qu’est l’Ancien Testament, il faut avoir en mémoire ces notions parfaitement établies de nos jours par des spécialistes hautement qualifiés.
Une Révélation est mêlée à tous ces écrits, mais nous ne possédons aujourd’hui que ce qu’ont bien voulu nous laisser les hommes qui ont manipulé les textes à leur guise en fonction des circonstances dans lesquelles ils se trouvaient et des nécessités auxquelles ils avaient à faire face. Quand on compare ces données objectives à celles relevées dans les Préliminaires de Bibles diverses destinées de nos jours à la vulgarisation, on se rend compte que les faits y sont présentés d’une manière toute différente.
On passe sous silence des faits fondamentaux relatifs à la rédaction des livres, des équivoques sont entretenues qui égarent le lecteur, des faits sont minimisés au point de donner une idée fausse de la réalité. Bien des Préliminaires ou Introductions des Bibles travestissent ainsi la vérité.
1. Ed.1974 vol.3, p 246-53.