Commentaire de easy
sur Le libertinage, les Grecs et 2000 ans de christianisme


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easy easy 17 décembre 2010 12:02

A la « fille à la perle » proposée par Rakosky pour soutenir son thème, j’oppose une autre image 
http://sandstead.com/images/metropolitan/GEROME_Pygmalion_and_Galatea_ca_18 90_.jpg




La puissante émotion que procure la beauté ne conduit pas forcément au libertinage. Elle peut conduire au contraire à la fixation sur une seule personne réelle (comme par exemple pour le garçon du film Malena) ou sur une personne fantasmée pas encore rencontrée (comme par exemple pour Pygmalion).

Pygmalion était uniciste, il n’envisageait qu’une seule beauté incarnée et se concevait aliéné ou entièrement dévoué à cette unique érigée en déesse, alpha et oméga de tout.

Il y a probablement un lien entre la fascination pour la beauté et le libertinage mais ce lien est ténu. Dans le libertinage, il y a davantage la soif de consommer, de jouir pleinement de la vie de manière somme toute assez simple et sans tourments (si l’on n’est pas marié) avec tout ce qui passe à sa portée et cela sans prise de risque (surtout quand on s’affiche carrément libertin).
Dans le libertinage, il y a du butinage sans que ressorte spécialement le goût pour la grande beauté (qui doit obligatoirement inclure la notion de rareté), sans que ressorte la souffrance de la quête impossible ou l’angoisse devant l’extrême fragilité de la beauté absolue (beauté surtous les plans) qu’on aurait trouvée ou qu’on serait sur le point de toucher.

Le libertinage semble inclure d’emblée la solution. Se voir et s’accepter libertin, c’est déjà sortir du tourment de fond car il n’y a aucune difficulté majeure à butiner d’une femme ordinaire à une autre femme ordinaire. Le libertinage serait alors bien grec.

Alors que le pygmalisme, grec aussi mais en sa marge, inclut une souffrance puisque tous les Pygmalion ne rencontrent pas une Aphrodite qui exauce leur voeu. Du coup, le pygmalisme serait la source du concept chrétien où tout s’entend au travers de la douleur et de la passion de la quête de l’Unique.


Le libertinage bien assumé ne désocialise pas (les célibataires) et peut être assez facilement heureux alors que le pygmalisme conduit assez sûrement au désespoir si la rencontre avec la Parfaite, l’Irremplaçable ne se produit pas ou si elle disparaît.


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