Commentaire de Luc DUSSART
sur Libéralisation de la médecine libérale : pot de terre contre pot de fer


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Luc DUSSART Luc DUSSART 4 janvier 2007 00:21

Je connaîtrais cinquante médecins, ou 100, cela ne prouverait rien !

Mais l’un raconte comment son patient est parti voir ailleurs quand il demandait à celui-ci de suspendre un traitement et qu’une ’hôtesse’ d’un numéro vert d’observance (c’est le terme retenu) du laboratoire lui dit au contraire de continuer malgré les vertiges.

L’autre est attaqué par le Conseil de l’Ordre pour avoir affirmé dans un site connu que les allégations d’une société dite savante concernant les traitements hormonaux de substitution relevaient de l’arnaque, ce que même l’AFSSAPS - en résumant - confirme. Les cas de cancer chez la femme ont réduit suite à l’arrêt de ces traitements selon une étude au Texas récente. On peut parler aussi des dépistages des cancers du sein et de la prostate : il n’est plus acquis qu’ils soient avantageux quand on analyse les impacts à terme. Mais c’est un business juteux bien sûr. Mais ne traitons pas la santé comme une marchandise.

Les sociétés ’savantes’ de médecins sont subventionnées par l’industrie. Je relevais récemment que le site de promotion des solutions médicamenteuses de Pfizer pour l’arrêt du tabac en entreprise apposait le logo de l’association des Droit des Non Fumeurs (dnf.asso.fr) promu au rôle de ’partenaire’. De la même façon c’est toute une clampée de laboratoires qui sont venus sponsoriser une réunion de thérapeutes comportementalistes : jusqu’où vont se nicher les intérêts de la chimie ! Ces financements sont en conflit d’intérêt avec l’objectivité de ceux qui en profitent. Mais ils sont devenus indispensables aux relations et à la communication entre médecins. En médecine, hormis la revue Prescire www.prescrire.org, il n’y a pas de liberté de la presse en France.

Je passe rapidement sur le scandale du Vioxx (Merck), du Zyprexa, du Ketek, etc... Les laboratoires cachent aux médecins les risques de leurs produits, dont la durée de vie est limitée par les brevets : il faut vendre vite les nouveautés ! Medicines out of control ? intitulait Ch. Medawar son ouvrage qui a fait du bruit dans le monde de la psychiatrie. La médecine perd la boule ouais...

Un autre exemple ? La levée de boucliers suite à la recommandation de l’auguste INSERM, Institut National de Recherche Médicale, de mettre sous camisole chimique les enfants turbulents à 3 ans. L’INSERM a fini par reculer et faire amende honorable : la biomédecine n’a pas autorité pour empiéter hors des domaines de sa compétence.

Tout ceci est révélateur des pressions pour une généralisation des traitements chimiothérapeutiques, et si les maladies sont chroniques, c’est mieux : la durée de prescription sera plus importante.

Dans mon domaine de compétence certaines pointures médicales déploient des trésors d’inventivité pour faire croire à de naïfs fumeurs que c’est en se collant un patch sur les fesses ou en mâchant des gommes à la menthe qu’il apprendra à ne pas rechuter : c’est une arnaque de première. A qui profite le crime ? Les études sont pipotées, et je publierai bientôt sur Agoravox mon décodage des résultats du prochain produit miraculeux pour cesser de fumer : nouvelle arnaque « doublant les chances de succés » encore une fois. A chaque fois ça double mais dans la durée les résultats font du sur-place pour une raison simple : fumer n’est pas une maladie et les traitements inventables pour traiter les troubles organiques ne peuvent s’appliquer comme ça pour des troubles relevant du cognitif, du psychologique ou du social. L’interdiction de fumer dans les collèges et les lycées au corps enseignant, fera mieux que tous ces traitements ’à la gomme’ recommandés très officiellement par ceux que l’AFSSAPS a consulté pour fixer le dogme.

Mon billet se contente de pointer le faisceau d’influences que subit la médecine actuellement, dues à la pression généralisée du ’libéralisme’ économique. Je ne sais pas bien quoi proposer, mais le taire ne paraît pas a priori bénéfique pour notre santé à tous. Nous avons parlé avec succès d’exception culturelle (et le cinéma français est un des rares à rester vivace en occident), je propose que l’on étudie les modes d’une exception médicale : la santé n’est pas une marchandise.


Voir ce commentaire dans son contexte