Commentaire de J. GRAU
sur Les idées qui puent d'Eric Zemmour


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Jordi Grau J. GRAU 13 janvier 2011 20:55

Bonsoir.

Je ne suis que partiellement d’accord avec votre article. Certes, il importe d’abord de démontrer la fausseté des idéologies racistes. Il importe également de préférer l’argumentation rationnelle à des invectives du genre « ces idées puent ». Mais cela n’interdit pas d’avoir un point de vue moral et de dire qu’on désapprouve des idées. Vous dites que cela aurait eu un sens de tuer des millions de juifs si cela avait permis d’éradiquer le cancer. Idée hautement discutable, pour ne pas dire scandaleuse ! Depuis quand a-t-on le droit d’assassiner une minorité au nom du bien-être de la majorité ? Vous voyez que, sur ce point, les connaissances scientifiques ne suffisent pas à trancher sur la question du bien et du mal, du permis et du défendu. L’idéal serait sans doute de mettre en évidence les liens entre le bien et le vrai. C’est ce qu’a essayé de faire Platon, que vous citez à juste titre. Mais ce n’est pas toujours possible. A certains moments, donc, il faut décider que certaines idées sont injustes ou dangereuses, même si on n’a pas les moyens de justifier cela par une argumentation scientifique.

En revanche, il est très dangereux pour la démocratie de criminaliser des opinions, même si on les estime à juste titre révoltantes et injustes. Il faut laisser dire, même les pires conneries racistes, et après tâcher de réfuter ces conneries. Mais si on ne parvient pas à trouver une réfutation pleinement convaincante, je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas le droit de dire à haute voix son désaccord. C’est sans doute insuffisant, mais c’est mieux que rien.


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