Commentaire de Sylvain Reboul
sur « Pourquoi les pauvres votent-ils à Droite ? » Mais parce qu'ils y trouvent un intérêt !


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 22 février 2011 16:46

Les seules explications dont nous disposions sont celles données par La Boétie au XVIème dans « De la servitude volontaire » et Hobbes au XVIIème dans « Le citoyen » :


1) La sécurité qui nous fait préférer l’asservissement à une puissance reconnue protectrice ou pacificatrice à la violence individuelle sauvage généralisée. La puissance divine salvatrice est la projection imaginaire absolutisée de ce besoin de soumission vécue comme infiniment bénéfique. Tout despotisme est du reste plus ou moins religieux et organise le culte du sur-homme sauveur suprême divinisé. 

2) L’identification admirative au puissant pour partager sa puissance. Ce partage est narcissiquement gratifiant 

3) La croyance que l’on peut monter en puissance en se soumettant à plus puissant ou riche que soi contre d’autres qui nous sont désignés comme menaçants, mais moins puissants et donc plus facile à mépriser, par les plus puissants (étrangers, couches éthno-sociales inférieures à soi etc..) 

4) Parmi cette délégation de puissance compensatrice, au prix de la servitude admirative, dont les pauvres bénéficient, n’oublions pas celle des hommes sur les femmes. La machisme et le patriarcat sont est une formidable machine à faire obéir, car chaque homme trouve dans la domination des femmes le rôle gratifiant de despote qu’il admire chez le puissant, ce qui lui permet de ne pas se sentir trop humilié pas cette puissance.

Il faut une rupture symbolique dans les codes sociétaux hiérarchiques et religieux qui générent et régulent cette identification aux puissants ou au riches, pour délégitimiser cette puissance. La richesse ne peut pas à elle seule s’auto-justifier, il faut qu’elle apparaisse comme nécessaire à une sécurité sociale ou transcendante dans ses finalités en cela qu’elle se présente comme bénéfique à tous ou en tout cas comme un moindre mal. Sinon c’est le cynisme du parvenu bling-bling qui s’affirme et du coup l’identification à la puissance du puissant se dissipe et la révolte devient possible. Très souvent dans l’histoire il a fallu que certains puissants conteste leur propre puissance et en révèle l’hypocrisie, voire se révoltent contre cette puissance, en voyant dans cette révolte une distinction personnelle gratifiante, pour que la contestation se généralise au dominés.








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