Commentaire de easy
sur La spéculation et le prix des oignons


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

easy easy 21 mars 2011 16:42

J’approuve ce que dit ce papier.


«  »« , les futures tendent à stabiliser les prix et pas le contraire. »«  »«  »

En effet, s’il n’y avait aucun repère sur le prix du saké dans un an, des négociants iraient les uns à dire que ça vaudra 1000 fois plus et les autres que ça vaudra 1000 fois moins. On ne saurait sur quel pied danser et on se refourguerait mutuellement les rumeurs les plus folles (avec d’étonnantes incidences dans tous les domaines).

Grâce aux système des « futures » qui sont des contrats avec engagement sur les prix pour dans deux jours (et deux jours, ça peut se prévoir stable) on peut s’engager sans trop de risques sur le prix pour dans 4 jours. Ce prix pour dans 4 jours étant inscrit, personne ne peut délirer dessus et on peut s’engager sur un contrat pour dans 10 jours sans trop délirer non plus. Et c’est ainsi que de proche en proche, une fois la chaîne des jours constituée, on peut s’engager sur un prix pour dans 2 ans.
Et ce prix pour un terme de 2 ans étant toujours étroitement rattaché à des prix pour dans 1 an, pour dans 6 mois, pour dans 6 jours, pour dans 6 heures, il est ancré dans le présent, donc bridé et stabilisé autour du présent et des perspectives telles qu’elles nous apparaissent aujourd’hui. Si on se trompe, si ces perspectives changent brusquement, on peut gagner gros ou perdre gros mais le contrat sera honoré au prix prévu donc serré.

Sans les contrats à terme, on ne disposerait que de prédictions excessives lancées en l’air. Les futures tendent à stabiliser les prix et non le contraire.
 


Il était également utile de mettre en examen le mot spéculateur pour vérifier en quoi il consiste et établir son innocence ou établir que cette activité n’est pas plus coupable que d’autres, la spéculation étant pratiquée même par le boulanger, même par le particulier quand il choisit une voiture ou une maison en fonction de paramètres futurs qu’il croit discerner.


Mais dans cette activité, comme dans toutes les autres, il y a l’ordinaire et il y a l’extraordinaire.
Et si une semaine de grosses et imprévisibles pluies fait le bonheur du marchand de parapluies qui serait bien bête de céder les derniers à vil prix, une rareté soudaine paut faire le bonheur d’un trader qui serait bien bête de ne pas en profiter. Depuis 8 jours, il y a des traders qui pleurent fort et des traders qui rient fort.
Lorsqu’une situation inattendue se produit et que se crée une pénurie, il est évident que celui qui détient soit la marchandise soit un contrat de livraison de cette marchandise, va la marchander eu mieux. Et il est sûr que l’avènement d’une chute de production du riz dans une région, avènement qui surprend tout le monde, va faire pleurer tous ceux qui avaient promis de livrer beaucoup à pas cher et va faire sourire ceux qui, jusque là, se sentaient cons d’avoir encore en stock des surplus de l’année passée et qui découvrent soudain qu’ils sont vernis.







On doit se demander ce qui crée une hausse de prix. Le vendeur qui veut vendre plus cher ou l’acheteur qui accepte de payer plus cher ? Ce débat oeuf poule pourrait être très long et sans fin mais je peux montrer des exemples où c’est clairement le payeur qui fait grimper le prix.

Dès le second jour de la cata japonaise, des gens friqués, coupés du Sud par la route ou le train, se sont rués sur les avions privés qui se sont immédiatement retrouvés débordés. 30 avionneurs privés vivent correctement avec 100 clients par semaine et voilà que soudain, en un seul jour, ils se retrouvent avec 2000 demandes. Alors quand un pilote disait à un client qu’il était pris, ce nouveau client insistait en lui proposant une prime pour prendre cette place. 

Quand l’essence est rationnée et qu’il faut fuir, comment un mec friqué ne trouverait-il pas normal de proposer 1000 pièces d’or au pompiste pour lui soutirer 100 litres ? 
Je considère que c’est l’acheteur ou l’affamé qui fait monter le prix. 
Il fait montrer les prix des produits basiques lors des périodes de rareté mais il fait également monter les prix par le biais du luxe. Lorsqu’un type se pointe chez un artisan qui fabrique des skis et qu’il lui demande de lui faire une paire sertie de diamants, ce milliardaire crée un appel d’air aux prix vers le haut. Ce sont les rois qui ont exigé des orfèvres des montres à 1 milllion et des chiottes en or.

Là j’évoque les produits de luxe, mais le Bidochon qui accepte de payer 100€ pour regarder Johnny au loin ou 6 € pour 2 feuilles de tabac participe également à la hausse des prix.

Ainsi, parce que la masse des consommateurs est surtout acheteuse et surtout de produits ordinaires, elle se voit victime et uniquement victime des vendeurs, victime des surenchérisseurs. Elle se verrait donc bien écharper les traders qu’on lui présente, depuis seulement 15 ans, comme de sales rats profiteurs. Mais en réalité d’une part elle est également constituée de vendeurs ou travaille dans une entreprise qui vend quelque chose, d’autre part chaque fois qu’elle consomme en visant un peu plus cher que le plus bas, elle tire les prix vers le luxe et le haut. Je ne dis pas que c’est mal ou que c’est bien, je dis que c’est comme ça.




Quant aux profits énormes des traders. Ces mêmes traders qui gagnent des fortunes en bossant dans une banque, ne gagneraient plus rien en tradant pour eux, chez eux, avec leurs propres moyens. C’est probablement un des métiers qui, sur le papier, pourrait se pratiquer seul et chez soi mais qui serait alors beacuoup moins payant qu’en bossant pour une banque. 

Les liquidités dont disposent assureurs, caisses et banques sont si énormes que chaque jour, toute l’économie mondiale leur passe un instant entre les mains. Au passage, ils prélèvent une broutille en pourcentage mais ça fait de grosses somme en valeur absolue. Un trader même très adroit et chanceux, avec ses maigres moyens, ne pourrait pas payer son loyer avec les pouièmes gagnés sur de trop petites masses.

Alors si on ne veut pas que les banques profitent de telles liquidités, c’est simple, YAKA pas leur confier nous trois sous. 
Et nous voilà revenus aux cantonades.


Voir ce commentaire dans son contexte