Commentaire de Assurancetourix
sur Zone euro : l'heure de vérité


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Assurancetourix Assurancetourix 24 avril 2011 09:40

@ fifilafiloche

« La solution à cette crise passe par la capacité, à l’instar des Allemands, de se faire mal aujourd’hui pour être plus forts demain. »

 Libre à vous de désirer vous faire mal mais permettez que d’autres citoyens ne souhaitent plus être les esclaves serviles de quelques banquiers cupides !!!

 L’essence légal du problème de la dette publique dans la zone euro provient de l’article 123 du traité de Lisbonne :

« Il est interdit à la Banque Centrale Européenne (BCE) et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d’accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »

En clair : les États de la zone euro ne peuvent plus créer leur monnaie, même pour raisons justifiées. Ils sont asservis. Ils l’empruntent dès le premier euro à des fonds de pension, des gestionnaires d’assurance vie ou de placement de valeurs monétaire, monnaie toujours créée à l’origine par les banques commerciales privées, rendues de ce fait souveraines. Une dette publique artificielle apparaît (en France, elle n’existait pas avant janvier 1973). Aujourd’hui de 1.600 milliards d’euros, elle enfle sans fin par le cumul des intérêts qu’il faut chaque année emprunter ; plus de 1.340 milliards d’euros depuis 1980 (soit au moins 84% de la dette totale actuelle). Les intérêts qui créent la plus grande partie de nos déficits publics diminuent nos capacités d’investissements. Les services publics sont progressivement asphyxiés et notre patrimoine collectif vendu à vil prix.

Un bon graphique vaut plus qu’un long discours !

Car figurez-vous qu’avant 1973, la France « empruntait directement à taux nul » à la Banque de France !

La justification historique des promoteurs (dont le seul survivant est Valéry Giscard d’Estaing) de l’article 25 de la loi de 1973 qui interdit à l’État de présenter ses propres effets à l’escompte de la Banque de France fut la suivante : « empêcher l’État d’utiliser la « planche à billet » et par voie de conséquence de limiter l’inflation ». Las, l’inflation fut très largement supérieure les 10 ans de 1973 à 1982, par rapport aux 10 ans qui précédèrent cette date, de 1962 à 1972 : 11,2% en moyenne au lieu de 4,4%.

LA SOLUTION À LA CRISE DE LA DETTE PUBLIQUE EUROPÉENNE ne serait-elle pas de redonner aux États la possibilité de faire ce que font actuellement les banques privées : emprunter directement à taux nul ou très faible à la Banque Centrale Européenne, ou mieux peut-être, à leurs banques centrales nationales respectives.

Cette pratique couramment utilisée dans le monde (notamment aux États-Unis) est désormais interdite dans la zone euro (ce qui est totalement contre-nature car historiquement les banques centrales ont justement été créées pour financer les États).

La Banque Centrale Européenne est sortie de ce carcan cynique pour sauver les banques privées, puis la Grèce, le système bancaire irlandais, maintenant le Portugal, et demain... (pour préserver en somme la ploutocratie nous gouvernant dans l’ombre de l’oligarchie au pouvoir).

Pourquoi ne pas aller plus loin dans cette logique salvatrice afin de permettre aux États européens de retrouver leurs prérogatives monétaires qu’ils ont progressivement abandonnées sournoisement depuis 30 ans au profit des banques privées ?

Si le contexte d’exception a pu être invoqué pour sauver le système financier, ne peut-on utiliser ce même argument impératif pour restaurer le principe du bien commun tout en sortant par là-même occasion de l’asservissement ploutocratique actuel ?

La politique monétaire redeviendrait dès lors un instrument de politique économique à part entière. Les États seraient libérés des humeurs et de la tutelle des marchés, disposeraient d’une plus grande autonomie en pouvant de nouveau emprunter à bas taux et pourraient ainsi dégager des marges de manœuvre financières pour préparer l’avenir sans entraves iniques.


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