Commentaire de fishlord
sur CPE : « Soyons pragmatiques »


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fishlord (---.---.3.77) 13 mars 2006 19:00

ça s’apparente encore à du « sauvons le soldat Villepin ».

Les socialistes ne pouvaient s’attendre à autre chose qu’à des aménagements, paraît-il. C’est présager un peu vite de la pérennité de ce CPE, qui, à voir les astres, pourrait bien ne pas passer l’été.

Il y a un passage, dans cet article où l’on sent des efforts (laborieux) d’objectivité, qui vaut quand même la chadelle : je cite : « j’ai envie de renvoyer les opposants au CPE à leur solidarité ! Vous êtes solidaires, vous êtes socialistes (et plus selons affinités) ? Alors, partagez un peu de votre stabilité ! Parce que certains d’entre vous peuvent caresser l’espoir de bénéficier d’un CDi classique d’entrée de jeu, vous ignorez le sort de ceux qui, à 40%, sont exclus du jeu. Oui, bien sûr, il s’agira peut-être de plus de précarité pour ceux qui auraient bénéficié du CDI actuel (combien, d’ailleurs ?) mais pour les autres, le CPE sera toujours mieux que le chômage. »

Ce passage est un concentré de présupposés en totale contradiction avec l’argumentaire développé plus haut dans le même article. Je cite :

« DomDom m’a même un peu agacé en affirmant que le CPE ne remplacerait pas le CDI classique : »les jeunes qui sortent de leur école avec une bonne formation et qui ont tout de suite un CDI classique continueront à l’avoir« . C’est faux et je pense que chacun le perçoit clairement. »

Quand notre rédacteur dit « c’est faux », c’est à propos de l’affirmation que les jeunes pourront encore bénéficier d’un CDI classique. Quid des 40 % de jeunes qui devraient continuer à bénéficier de ce CDI classique selon notre même rédacteur ? Force est de constater que, tendanciellement, le CNE est destiné à remplacer le CDI.

A qui en appelle-t-il donc à la solidarité ? A ceux qui « caressent l’espoir d’entrer dans la vie active avec un CDI, et qui »par solidarité", devraient soutenir la possibilité que cette loi passe et que du coup, ils entrent dans la vie active avec un CPE ! Les futurs précaires devraient être solidaires dans la précarisation des actuels précaires ? Et ce qui est aussi de l’ordre du magique, c’est cette promesse que le CPE va remplacer le chômage. Comme si la société française n’attendait que ce nouveau contrat idiot pour d’un coup, proposer des emplois là ou il n’y avait pas d’emploi avant ! Passer d’une période d’essai de quelques mois à 24, ça crée du boulot ! C’est carrément Fabuleux comme contorsion mentale. Fabuleux aussi d’en appeler au peuple à la solidarité, alors que le gouvernement, émanation du peuple censé garantir la cohésion de la société, attise la guerre sociale et laisse un frange infime de la société faire scandaleusement fructifier des sommes mirobolantes, par ailleurs extrêmement mal investies d’un point de vue de l’utilité publique, qui sont à des années-lumière de toute notion (théoriquement libérale) de mérite.

En fait, c’est vraiment, l’ancien régime, version oligarchie médiatique obtuse. Nous sommes arrivés en France à un degré de corruption, d’hypocrisie et d’incompétence (je dis bien : incompétence) gouvernementales jamais vu depuis longtemps.

Alors, je suis atterré d’entendre des arguments du genre « on devrait penser aux 40 % des exclus du jeu ». Qui sont-ils ? Des gens sa compétence, sans parcours scolaire valorisable ? D’accord. Et qui (et par quelle charité d’âme) ira embaucher des gens sans formation au CPE alors que l’on pourra embaucher des gens formés au CPE ? Qui prendra ce genre de décision totalement anti-économique ? C’est plutôt les étudiants formés, qui eux auraient justifié d’un CDI avant, qui auront droit au CPE. c’est un simple jeu de chaises musicales. D’ailleurs, la méthode est déjà celle de la baisse du chômage avec l’augmentation de 4,7 % des bénéficiaires du RMI.

Le ponpon de cette histoire, c’est quand même faire gober à des gens comme notre rédacteur (qui essaie à son tour),que le chômage peut se régler par l’extrême bout de la lorgnette avec une création administrative, un nouveau contrat, alors qu’absolument aucun, je dis bien aucun économiste un peu sérieux, n’a jamais évoqué cette « martingale de Villepin ». Créer un nouveau contrat alors qu’il y en a déjà tant. fabuleuse idée.

Alors oui, soyons pragmatiques. le pragmatisme c’est d’abord de pouvoir ouvrir les yeux sur la réalité et ne pas se faire enfumer par un bravache qui a explosé depuis longtemps sa courbe d’incompétence en matière économique, vu qu’il a aucune formation en la matière, et d’ailleurs, ce n’est sûrement pas lui qui a rédigé cette nullité de contrat.

D’ailleurs, devant tant de nullité, je continue d’être ébahi de voir que malgré les critiques tout de même acerbes, que porte notre rédacteur à Villepin, devant sa conviction affleurante, que tout ceci ne servira à rien, il continue à lui manifester la solidarité que nous (hem...gens de gauche et affinités, dit l’auteur), devrions porter à ceux qui ne manifestent pas mais dont on suppose qu’ils seraient ravis d’avoir un CPE. A quand les manifestations des pros-CPE, que je me rende compte de tout ceux à qui je manque scandaleusement de solidarité ? Je serai très intéressé de les voir. Bref, fidélité aux mauvais, car ils sont de droite et la droite, c’est bon pour le peuple.

Je suis pragmatique : Le CPE c’est du flan. C’est aussi cohérent que la danse de la pluie sans croire au Grand Manitou. Faut vraiment croire dur comme fer au Père Noël pour y voir quelquechose avec un soupçon de crédibilité. Il n’y a strictement aucun argument économiquement valide, et c’est une honte de se prévaloir de son incompétence pour aboutir à la simple précarisation d’une plus encore grande partie de la jeunesse.

La question de la précarité, qui englobe celle de l’emploi, est fonction d’un grand nombre d’autres éléments qui s’appellent : impôt juste et proportionnel, contrôle de la monnaie, politiques publiques volontaristes, réductions des scandaleux gains des actionnaires, logement pour tous, taxe pour les pollueurs et créations d’emploi dans l’environnement, favoriser l’investissement dans les secteurs à faible plus-value (et du coup, à fort taux d’emploi), contrôle des dépenses publiques et des subventions accordées, réductions des cadeaux aux grandes entreprises qui n’en ont aucun besoin, obligation de rétrocéder l’argent public pour les entreprises qui délocalisent, taxation des transactions financières et spéculatives qui ne créent aucune richesse.

La liste des possibilités est énorme, et si le PS ne les propose pas...mais c’est une autre histoire.


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