Commentaire de lloyd henreid
sur Le totalitarisme à petits pas


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lloyd henreid lloyd henreid 14 juillet 2011 02:30

Un truc me gêne dans votre article.

Je suis d’accord pour parler de totalitarisme, ou selon la formule consacrée, de « nouvel ordre mondial » en marche. Je suis d’accord aussi pour dire que l’UMP, c’est caca, nauséabond, moralement vomitif. Sauf que le NOM (qui fait peur, mais qui est bien là) ne se résume pas à l’UMP ; et qu’à mon avis, les seules ficelles qu’en tire Sarko sont celles du string de Carlita. Suffit de le regarder hein : le petit joue avec les grands, il y croit, mais il est bien le seul.

Sarko ne fait qu’obéir. La paupérisation vient d’en haut, tout en haut : pas le haut de notre pyramide sociale française, mais celui d’une élite capitaliste invisible, insaisissable, qui fait beaucoup, ne dit pas grand-chose, passe bizarrement inaperçue. Les noms de leurs sociétés sont écrits partout, mais personne n’y fait plus gaffe. Ces gens-là détournent des milliards de dollars de bénéfices chaque année, et ce, depuis des décennies ; et voilà que s’installe une forme d’ultra-libéralisme qui place, plus que jamais, l’argent au centre de tout. Les dollars permettent d’acheter de la bouffe ou un toit. Ils permettent aussi d’acheter des gens et de leur faire faire ce qu’on veut, en échange d’un toit ou d’un peu de bouffe. Des dollars, encore et toujours ; et en période de crise, les gens sont bien peu regardants vis-à-vis des problèmes de « morale » que certains emplois devraient susciter. Et ça tombe drôlement bien, parce que l’argent permet aussi d’acheter des armes, des médicaments ou, au contraire, des bactéries, de la puissance nucléaire, etc. — ces gens-là ont le pouvoir de nourrir et d’abriter ; ou au contraire, celui d’affamer et d’exposer. Et ils avancent pas à pas.

Parallèlement à cet accaparement du pouvoir, se met en place le divertissement des masses populaires. La plèbe de Coriolan, pour qui a lu Shakespeare. L’illusion du choix dans un panel limité. La pensée unique diffusée par les médias traditionnels : la presse « payante », la télé et sa pub, etc. — sans oublier l’abêtissement par le biais d’émissions glorifiant l’inculture, le vulgaire, le défaut d’intelligence. Sans oublier non plus le sexe qui occupe les gens, la mode, les bagnoles, toutes ces conneries qui me viennent en bloc et ne servent à rien, si ce n’est « occuper » les braves gens et les empêcher de « penser » (ou quand les porteurs de « lumière » plongent leurs semblables dans l’obscurité).

Je pense que le NOM est un processus global très complexe et bien rodé. Ce qui m’effraie, ce n’est pas tant la stigmatisation, à tour de rôle, d’une catégorie d’individus. L’analogie la plus inquiétante qu’on puisse faire avec le nazisme, pour moi, c’est sa défense : « on aimerait bien faire autrement, mais on ne peut pas ; c’est la crise ». Le mal vient d’au-dessus, c’est toujours ainsi que ça se passe. On exécute les ordres. On fait comme on peut. Pour le nazisme, au moins, l’on savait qui se trouvait en haut de la pyramide. On savait qui était responsable. Pour le NOM il n’y en a aucun : notre société souffre d’un cancer atroce, et nous ne savons même pas d’où il vient. Les coupables qu’on nous désigne sont intangibles.

Je vous rejoins donc sur les questions de corruption, de morale, etc. — sur le fond, en fait ; mais je désapprouve la forme de votre article. Disons qu’à le lire, avec tous ces U, ces M, ces P, j’ai l’impression de lire un tract pro-PS, pro-FN, ou que sais-je encore. L’UMP se régale des phénomènes qui nous intéressent, mais ces phénomènes viennent d’ailleurs. S’il y avait encore la moindre chance qu’un vote puisse changer la donne, il n’y aurait pas tant d’abstention. Je vous conseille de prendre un peu de recul sur le bon vieux clivage gauche-droite, et tant que vous y êtes, relisez Huxley — vous comprendrez peut-être que la seule alternative viable n’est certainement pas l’une de celles qu’on nous propose.


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