Commentaire de joelim
sur Le blues du journaliste citoyen


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joelim joelim 11 septembre 2011 13:31

Comment peut-on envisager une version drastiquement alternative sans être désenchanté ? Et bien déjà au départ on n’est pas enchanté par la puissance US (militaire, et surtout culturelle — ou plutôt médiatique —). Et donc, aucune raison d’être déçu à ce sujet.

A mon avis l’aspect le plus difficile au premier abord est le constat du « concert de mensonges » qui résulte de cette vision du monde. Mais il faut bien voir qu’il suffit de mensonges initiaux parfaitement assumés pour qu’un tissu d’énoncés irréels soit ensuite continument brodé par un ensemble de gens (surtout les médias) qui n’ont pas du tout l’impression de colporter des mensonges. En réalité Ils ne mentent pas : ils se trompent. Dans cette optique ils ne nous prennent pas pour de parfaits abrutis (ce qui serait l’aspect désagréable et peu flatteur d’un mensonge volontaire généralisé — le syndrome du troupeau, or la population humaine n’en est pas un —). Simplement ils ont moins de sens critique que nous (attention je ne mets pas dans « nous » ceux qui acceptent n’importe quel argument qui sert ses convictions).

En fait — là où je voulais en venir — il y a une certaine jubilation à considérer l’hypothèse — qui n’est pas improbable loin de là — d’une manipulation de type ’laisser-faire avec quelques éléments de contrôle ça et là. Certes alors le monde est torve et dégénéré, mais attention uniquement le monde du renseignement et du Combat pour la Prédominance qui a fini par devenir le but principal de la République constituée en 1776 des Etats-Unis d’Amérique. Partout ailleurs il y a du bon. Aux Etatsunis aussi d’ailleurs (littérature, musique, philosophie, etc), il ne faut pas amalgamer les étatsuniens avec ceux de leurs leaders qui sont en cause. Il n’y a donc absolument pas à désespérer du genre humain du fait qu’on nous aurait « ramoné la tête » sur ce qui s’est passé le 11/9/2001 : le « on » représente une toute petite partie des humains.

Donc pas de désespoir. Ensuite, la jubilation vient de l’intérêt de la tranche de vie que cela comporte : un tel complot si bien mené et qui aurait (a ?) empapaouté avec succès de vastes contrées, on entre dans le domaine de la Vie qui Vaut d’Etre Vécue, avec une Histoire passionnante (considérez l’image du parc d’attraction ou du jeu de rôles dans lequel le plaisir vient qu’on soit étonné, qu’on ait un peu peur et qu’on ait la liberté d’agir dans l’histoire). 

Il est toujours délicat de comparer avec Hitler, mais je crois que les deux principales différences sont que dans notre cas nous ne sommes pas en guerre mondiale, et qu’il n’y a pas de camps de la mort de taille industrielle. Certes, c’est ce qui est le plus important, mais pour le reste, dans l’hypothèse d’une VO complètement vérolée, les deux contextes présentent une certaine ressemblance : volonté d’hégémonie mondiale, propagande appuyée avec diabolisation de l’incroyant, déshumanisation d’une partie de la population humaine (la valeur de la vie des irakiens considérée comme négligeable), course à l’armement, manipulation des populations considérée comme arme stratégique ultime, etc.

Bien sûr se lever contre l’impérialisme américain est certainement moins risqué et plus confortable (d’où la possibilité de jubilation) que combattre Hitler, vu qu’avec ce dernier le risque était incomparablement plus important : il s’agissait d’une guerre physique avec de nombreux morts parmi les combattants. Mais l’enjeu est-il moins important pour autant ? Pas sûr.

Bien sûr je parle en tant qu’européen, si j’étais irakien vous comprenez que ma tirade sur le « risque moins important » n’aurait pas de sens... Evidemment pour accepter ce que je dis il faut avoir la capacité de se mettre mentalement à la place d’un irakien (ou d’un afghan). Comme il fallait sous Hitler être capable de se mettre à la place d’un juif (ou d’un tzigane), pour rester humain à part entière. Telle est ma définition de l’être humain : quelqu’un qui considère tous les autres êtres humains comme ses pairs, quelque soit leur culture et leur religion ou absence de religion.

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