Commentaire de Tall
sur Lettre à Georges


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Tall 22 octobre 2011 12:47
Je ne serais pas surpris que ce sympathique coup de coeur ait été produit dans la foulée du film sur Brassens passé sur FR2 récemment ... smiley
Et je dois avouer que j’ai bien aimé cette bio aussi. Même si on a changé quelques réalités pour rendre ça + sympa. Je pense notamment aux rapports avec ses parents.
Car là, je verrais plutôt une mère beaucoup + dictatoriale, bigote et insupportable que celle du film, accompagnée d’un père + effacé et platement soumis au diktat de la mère.
Cette vison moins rose-bonbon expliquerait bien mieux la suite de sa vie, tant pour son anti-autoritarisme et -cléricalisme, que pour ses relations avec les femmes. Tel ce curieux « ménage à 3 » avec Jeanne P. qui aurait pu être sa mère, et le fait qu’il n’ait jamais vécu avec Joha H. malgré qu’ils s’aimaient à fond.

Par contre, ce qui est bien mis en relief dans le film, c’est qu’il ne vivait que pour son Art. C’était ça ou rien !
Et là est l’essentiel, car c’est ce qui en a fait un grand, un vrai grand qui laissera sa marque dans l’histoire de la chanson française. Au même niveau qu’un Jacques Brel qui, lui aussi, a tout sacrifié pour son Art, quitte même à avoir été sdf à Paris à ses débuts.
Bref, Georges comme Jacques ont pris tous les risques existentiels pour leur Art, car ils auraient pu rater leur vie avec ce « ça passe ou ça casse ». Mais ils se sont accrochés à leur rêve malgré des débuts très difficiles et décourageants, et à force de passion et de travail, ça a fini par payer.
Un superbe exemple d’humanité constructive.

A contrario, j’ai connu un gars ( appelons-le « Léon » ) qui adorait aussi la musique, rêvait de percer dans son art dès son enfance, mais a trouvé + sage de faire un compromis avec la vie, en devenant enseignant, ce qui lui permettait d’avoir un peu de temps libre. Sauf qu’il s’est marié aussi, et le temps libre s’est encore compressé.
Et puis surtout, avec cette sorte d’équilibre existentiel, « Léon » ne vivait pas la souffrance et la faim qui auraient pu le conduire éventuellement à se transcender comme seuls peuvent le faire les vrais génies. Et c’est pour ça qu’on n’a jamais vu « Léon » en haut de l’affiche.

A sa décharge, l’immense majorité des rêves d’enfance s’évaporent dans ce même schéma. Car le Grand Art, et la créativité géniale en général, ne permettent pas de compromis.


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