Commentaire de Tristan Valmour
sur La fin des héros


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Tristan Valmour 28 octobre 2011 14:49

Le cerveau humain avait un volume de 400 cm3 il y a 3 millions d’années, et de 1400-1500 cm3 environ aujourd’hui.

Il y a 100 000-150 000 ans, le cerveau humain avait déjà les circonvolutions qu’on lui connaît aujourd’hui. Pour faire face aux nouveaux défis et pour survivre (c’est-à-dire pour sous le coup du stress, s’adapter à son environnement, donc le modifier à son image), le cerveau humain s’est donc spécialisé par la latéralisation de ses fonctions, parce qu’il ne pouvait plus gagner d’espace.

Cela signifie que le cerveau humain disposait il y a 150 000 ans de toutes les potentialités pour réaliser ce que nous réalisons aujourd’hui !

Le développement du cerveau s’est produit au profit des fonctions cognitives supérieures. Mais l’émotion, que l’on connaît mal conserve une importance capitale pour la cognition.

Richard Klein de Stanford soutient pour sa part qu’il y a 50 000 ans s’est produit une mutation génétique qui a remodelé le cerveau pour lui attribuer les capacités qu’on lui connaît.

Il y a 40000 - 60 000 ans environ, l’Homme a fait un bond prodigieux grâce au système des neurones-miroirs, qui a eu une influence sur les comportements sociaux et le langage, donc la transmission du savoir. A partir de là, les Hommes ont gagné énormément en efficacité parce qu’ils ont pu coopérer et transmettre les connaissances acquises par la culture, pas par la génétique. Je ne sais pas si je suis assez clair parce que je pense en anglais mais j’écris en français rapidement.

L’un des fondateurs de la neuropsychologie, Alexander Luria, a étudié un patient russe, un militaire, qui ne pouvait rien oublier. Il gardait en mémoire le moindre détail de ses souvenirs.

D’autres patients étudiés par d’autres neuropsychologues, neurologues (etc.) ont étudié des gens qui après un accident se sont découverts des capacités extraordinaires d’apprentissage.

On a étudié le cerveau d’Einstein, pour conclure que son intelligence remarquable était sans doute due au développement extraordinaire de ses lobes pariétaux dans sa tendre enfance. Il avait donc sans doute une working mémoire extraordinaire.

Certains Asperger comme Daniel Tammett ont des capacités extraordinaires.

Des scientifiques sont en train de tester des nootropes pour stimuler le cerveau. Il existe des programmes de développement des capacités cognitives.

Des chercheurs d’Harvard sont en train de travailler sur un programme pour enseigner aux enfants du primaire des notions abordées à l’université. Les premiers résultats sont prometteurs.

L’un de mes amis a étudié un enfant précoce qui découpait mentalement une image complexe en différentes parties auxquelles il attribuait un numéro et/ou une couleur et qui était capable de la reproduire à l’identique quelques heures après, tout en apprenant autre chose en même temps. Cet enfant présentait une capacité extraordinaire en multitasking sans déficit d’attention, contrairement à ce qu’on observe chez un sujet normal. Il est doué d’une capacité de calcul quasi-unique, mais est parallèlement incapable de comprendre un texte littéraire.

Je peux multiplier les exemples de cas uniques, et je ne parle même pas de ceux que j’ai étudié pour mes travaux en éducabilité cognitive.

Tout ça pour dire que le cerveau est plastique, nous disposons tous d’un potentiel depuis 150 000 ans, et que nous avons encore beaucoup de réserves. Sous l’impulsion des technologies, ce potentiel va se révéler, comme le développement de la mémoire de travail, fondamentale pour les fonctions cognitives supérieures. Et qui sait, peut-être connaîtrons-nous une mutation génétique de notre cerveau ?

Ce que tout le monde peut faire facilement pour être plus performant : sport, une meilleure irrigation sanguine, une meilleure oxygénation et alimentation, ainsi que des relations sociales, toucher les gens, apprendre les langues étrangères, résoudre des problèmes, écrire des synthèses sur différents sujets, faire travailler les relations spatiales, etc.

Et puis, qui a dit qu’il fallait penser en terme d’individu ? La somme des intelligences individuelles, le fonctionnement des individus en réseaux cognitifs dépasse la puissance de calcul des ordinateurs. Il y a tout à faire en intelligence collective. Il demeure deux problèmes fondamentaux : les égos et la communication.

Demain, nous pourrons tous être surdoués, les autres continueront à votre UMP. Alors, la singularité, peut-être, mais c’est loin d’être certain. Le cerveau est plastique.

Un livre grand public à lire : On Intelligence (de Jeff Hawkins)


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