Commentaire de breizhnana
sur Langues régionales, Français et République


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breizhnana 29 novembre 2011 02:19

Demat Fergus, vous avez tout compris. Voilà un homme ouvert et intelligent... smiley

et il y a ici trop de gens qui font les malins et répondent sans même avoir la moindre connaissance du sujet, ce qui donne une quantité d’inepties et de sottises sidérantes.
 
D’abord ici il est question de langues régionales, et non de patois. Ce n’est pas du tout la même chose. Une langue a une structure, un enracinement culturel très profond, un vocabulaire autant écrit que parlé, de la grammaire et tout ce qui fait une langue, elle s’enseigne. Alors qu’un patois est resté dans une transmission parlée locale, donc minoritaire, le plus souvent matiné de français. 
Il est un peu dommage que l’article ne traite en effet que de l’Occitan, contrairement au titre prometteur, mais j’y ai retrouvé beaucoup de valeurs qui font la langue bretonne. Qui est une langue celtique, donc à fort caractère historique, la Bretagne appartient à la Celtie, la ligue des six pays celtiques (Ecosse, Irlande, pays de Galles, Cornouailles et Ile de Man )

La Bretagne a été un duché souverain jusqu’à son rattachement à la France en 1532, bah ce n’est pas si vieux que ça ! 
La langue est à la base de toute la culture bretonne avant que la France de l’après guerre ne vienne essayer de tout niveler par le bas, jusqu’à aller traduire même les noms des villes et villages d’une sauce française invraisemblable, transformant par exemple Roazhon en Rennes ou Pempoull en Paimpol. Pempoull signifie le bout de l’étang, autrefois nombreux à cet endroit et inondés par la mer, si vous êtes avides de sens des mots ce nom en a quand même un bien meilleur que Paimpol qui ne veut rien dire du tout. Voilà comment on fait pour rayer une culture des mémoires et mettre du creux à la place. Et cet exemple est valable pour tout dans toute la Bretagne. De quel droit faudrait-il tout assaissonner au français, sous prétexte que c’est « national » ? Et de quoi s’est donc construite la France, si ce n’est de ses régions qu’elle a peu à peu envahies pour y imposer une forme de colonisation qui n’avait qu’un souci, celui d’uniformiser ? 

Chez nous les noms de famille, les moindres lieux dits, la plupart des mots courants sont bretons, et la langue n’est qu’un élément d’une culture identitaire très forte que ne connait plus ailleurs bien d’autres régions privés de leurs repaires et de leurs racines. 
Pour un tout petit exemple de mots connus de tous... le Morbihan n’est autre que Mor Bihan, qui veut dire petite mer, et le Finistère n’est que la traduction française de Penn-ar-bed, qui veut dire le bout de la terre. 
Ceux qui se gargarisent des sources de la langue française en mettant au grand jour leur propre inculture devraient s’instruire un peu plus des sources linguistiques régionales. Comme le dit ici l’auteur pour l’Occitan, il y a encore en Bretagne beaucoup d’anciens qui n’ont commencé à apprendre le français à l’école, et qui parlent toujours breton quand ils sont entre eux. Mais aussi entre générations, puisque la langue est enseignée jusqu’à l’université, avec option breton au bac. Et durant les 2 guerres, beaucoup sont morts au front sans parler le français.
De quoi réviser ce que vous appelez une langue morte. Venez faire un vrai tour en Bretagne et vous verrez si la langue est morte, à commencer par tous nos panneaux bilingues...

De plus il est évident que l’apprentissage très jeune d’une langue identitaire est un formidable atout d’ouverture à la fois d’esprit et de culture, et ça fait pas mal d’années que la Bretagne a le meilleur taux de réussite au bac, encore cette année 92,5% face à 85,6% national, et les jeunes qui apprennent le breton sont particulièrement brillants dans beaucoup de matières, dont leur propre culture régionale comme la musique, dont la traditionnelle qui est formidablement vivante chez toutes les générations, car le breton pratique énormément la transmission, seule manière de garder une culture vivante.
D’ailleurs une région qui a une langue (et non un patois) et qui a donc entretenu et enraciné son identité développe parallèlement une forte culture artistique, musique, danse, théâtre... La Bretagne est la région qui compte de loin le plus de festivals, de troupes de théâtre amateur, de maisons d’éditions et de librairies...
Quelle chance nous avons d’avoir une langue qui nous rappelle d’où nous venons et où nous allons, parce que justement une langue appartient à son peuple...


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