Commentaire de HERVE
sur La Belgique, chronique d'une mort à court terme


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HERVE 30 novembre 2011 21:11
Franco Di Rupo, grand frère de Elio Di Rupo ...
ENQUETE SUR LE MILIEU MONTOIS DE LA CONSTRUCTION QUATRE ARRESTATIONS A TOURNAI

HAQUIN,RENE

Page 15

Mardi 17 janvier 1995

Enquête sur le milieu montois de la construction

Quatre arrestations à Tournai

Une longue enquête du Comité supérieur de contrôle dans le milieu de la construction, dossier mis à l’instruction en février 1994 à Tournai parce que « trop chaud » pour être traité à Mons ou à Charleroi, a amené le juge Gérard Bresoux à inculper et arrêter, au début de janvier, Gioacchino (Jacky) Cappalonga, un Italien de 47 ans domicilié à Morlanwelz (pour infractions aux lois sociale, commerciales et fiscales). Puis, le 10 janvier, pour faux, usage de faux, escroquerie, infractions aux lois fiscales et sur les sociétés, un récidiviste de l’usage de faux et de (trois) banqueroutes, Georges Dudome, 66 ans, de Hautrage (Saint-Ghislain). Et, trois jours plus tard, dans la nuit de vendredi à samedi, l’entrepreneur Franco Di Rupo, 49 ans, de Chapelle-lez-Herlaimont, et un de ses anciens employés, Philippe Bertrand, 45 ans, domicilié à Temploux.

Franco Di Rupo est président du club de foot de Chapelle. Il est aussi le frère aîné du vice-Premier ministre et ministre des Communications, qui n’est pas cité dans le dossier.

En mai 1994, une quarantaine de membres du Comité supérieur de contrôle perquisitionnaient aux sièges de plusieurs sociétés. De nombreux documents furent saisis notamment chez Franco Di Rupo, 40, rue Neuve, à Chapelle-lez-Herlaimont, où se trouvent les sièges d’Énergie D. (petite entreprise de génie civil), d’Energy D. (travaux d’installations électriques) et d’Ecodi (services techniques). D’autres sociétés ont été perquisitionnées dans l’immeuble contigu, au 42, rue Neuve : la Carmy (petit holding) et les pneus Hennaut (un commerce de voitures d’occasion dont la Carmy est actionnaire) ainsi que le siège de Catecom (installations électriques), à Morlanwelz, la FEC, Distrilec (rue du Douaire, à Chapelle-lez-Herlaimont) et la société Bertrand, de Philippe Bertrand, également administrateur d’Ecodi.

Les documents comptables saisis ont fait apparaître des irrégularités dans la gestion et la direction des sociétés, de fausses factures, des factures gonflées (passant de 1 à 16 millions, indique-t-on dans les milieux judiciaires), des faux bilans et des dépenses personnelles excessives, notamment de nombreux voyages, au détriment des sociétés.

Franco Di Rupo, dont l’épouse et la fille ont aussi été longuement interrogées, et Georges Dudome sont soupçonnés être derrière ces sociétés-écrans : Di Rupo dirigeait toutes les sociétés (bien qu’en 1994 ses seuls mandats officiels étaient administrateur délégué d’Ecodi et d’Energy D. dont son épouse était aussi administrateur), Dudome étant chargé de collecter la main-d’oeuvre. On indique de source judiciaire que, brûlé dans de nombreux ministères, Franco Di Rupo répondait néanmoins aux adjudications publiques par le biais des sociétés qu’il contrôlait. Il réussissait ainsi à présenter plusieurs offres, assuré que l’une lui reviendrait.

Les quatre hommes sont écroués à Tournai. Les autorités judiciaires ajoutent que les faits n’ont été dévoilés qu’hier pour les besoins de l’enquête.

Bertrand et Di Rupo, mis au secret depuis samedi, doivent comparaître ce matin devant la chambre du conseil de Tournai où l’avocat de Franco Di Rupo, Me T. Afschrift, de Bruxelles, estimant qu’il s’agit plus de fiscal que d’escroquerie, va demander la remise en liberté du frère du ministre. Pour lui, rien dans ce dossier ne permet de faire un lien avec la politique.

Mais l’enquête porterait sur des centaines de millions et touche bien à des marchés publics. D’autres auditions sont prévues par le juge.

RENÉ HAQUIN


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