Commentaire de Mor Aucon
sur L'abolition de la prostitution est-elle un progrès ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Mor Aucon Mor Aucon 10 décembre 2011 02:09

Tout à fait d’accord ! J’ajouterai que réclamer l’abolition de la prostitution est un non-sens car on ne peut abolir qu’une contrainte.

Il faudrait alors parler d’abolition de la prostitution forcée mais on ne peut présumer de la connaissance, de la part du client, de la contrainte que pourrait souffrir la personne qui se prostitue. Comme le but de la manœuvre de ces nouveaux prohibitionnistes est, à l’évidence, de faire cesser cette activité dans son ensemble et non pas de protéger la liberté des personnes de s’y adonner ou pas, le terme abolition joue le rôle d’un grand sac et la première mesure spectaculaire est de criminaliser le client. C’est une erreur grave d’aiguillage car les effets d’une telle mesure ne sauraient évoluer autrement que de manière similaire à ceux que provoquèrent, et provoquent toujours, d’autres mesures prohibitives affectant la demande comme celles prises pour combattre le marché des drogues au sens large. Renforcer la puissance des réseaux qui alimentent cette activité. Ce fut vrai pour l’alcool, pour les drogues, pourquoi serait-ce différent pour la prostitution ? La lutte contre le crime organisé coûte très cher et dans le cas de la traite des personnes, encore plus, car il faut d’abord proportionner aux victimes une possibilité de dénoncer une situation d’exploitation sexuelle sans mettre en péril sa propre vie. Voilà la triste réalité. Une histoire de sous que l’on veut régler à grands coups de morale douteuse et de démagogie, comme souvent.

Je pense que ce déferlement de morale ringarde provient de ce besoin impératif de culpabiliser la demande car il importe beaucoup plus à cette bonne conscience hypocrite, de ne plus avoir à supporter cette activité plutôt que d’abolir la contrainte que les personnes pourraient subir.


Voir ce commentaire dans son contexte