Commentaire de JDCh
sur Ces méchants fonds d'investissement, la suite


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JDCh JDCh 18 janvier 2007 18:36

@tous

quelques remarques de vocabulaire et de fonds :

1/ Les Hedge Funds ne font pas partie du Private Equity et de l’étude fournie par E&Y. Ils interviennent sur des positions plutôt courtes (quelques jours, quelques mois) en Bourse, les acteurs du Private Equity ont en général une position longue (quelques années) dans des boîtes privées (non côtées en bourse). Il s’agit de 2 mondes très différents qui se retrouvent en concurrence dans des cas rares où un fonds de Private Equity prend une position majoritaire dans une société côtée pour la sortir de la bourse (cas de PagesJaunes par exemple).

2/ Vous parlez des fonds de pension comme s’ils agissaient directement sur le marché du Private Equity ce qui est faux. Ils allouent un certain pourcentage de leurs investissements à ce secteur (sans doute de l’ordre de 15%) mais ils font aussi beaucoup de côté, d’immobilier, d’obligations... La part Private Equity est gérée par délégation par des fonds d’investissement dont les fonds de pension sont souscripteurs mais ils ne sont pas seuls : on trouve comme souscripteurs des grandes entreprises, des banques, des assureurs-vie français, des family offices... Ce n’est pas parce que les fonds de pension gèrent la retraite des américains ou des anglais qu’ils sont plus nuisibles que les assureurs-vie Français ! Ce qui est sûr c’est qu’ils ont beaucoup plus d’argent à faire fructifier pour les futurs retraités...

3/ Un commentateur parle de raider... A ma connaissance, aucune opération de Private Equity n’a été hostile à ce jour. On ne peut pas faire d’offre hostile à une boîte privée non côtée et, dans les cas de société côtée, il y a toujours un cédant (majoritaire en général) qui veut vendre (cas de France Telecom et PagesJaunes). Donc encore une fois on se fait peur avec les mots.

4/ L’exemple du conflit avec Carlyle fait partie des cas difficiles où des fondateurs/actionnaires existants ont accepté l’entrée d’un fonds, ont signé un accord avec lui et ont ensuite divergé sur la stratégie. La punition dans ce cas là est pour tout le monde : je doute que Carlyle gagne le moindre argent sur une opération de ce type et l’objectif d’un fonds c’est d’en gagner !

5/ Un commentateur parle aussi de 10% de licenciements immédiats avec pourtant un net d’emplois créés de 4% (source E&Y). Il y a bien sûr des cas où une restructuration du business fait partie du plan des investisseurs mais les chiffres démontrent que le net est très positif.

6/ La France est le second marché du Private Equity en Europe après l’Angleterre. Elle accueille beaucoup de capitaux étrangers et ce malgré la mauvaise réputation du pays en raison de son droit du travail. Cela veut dire que plus de sociétés seraient « backées » par le Private Equity si cette réputation était meilleure... Une des raisons est que nous sommes dans une forme de rattrapage sur le monde anglo-saxon et que certains de nos grands groupes (côtés ou familiaux) avaient/ont besoin de vendre des actifs. Une autre est que nos bancassureurs ont été longtemps frileux sur ce secteur.

7/ Je suis assez d’accord pour dire que les mega-LBO sont une tendance nouvelle dont personne ne connait les conséquences. Ceci dit, celles-ci ne sont pas forcément plus mauvaises que des sociétés côtées en bourse qui se la joue à la ENRON aux dépens des petits actionnaires ou des salariés-actionnaires ! Il est normal que les autorités de marché (SEC, AMF) se pré-occupent de l’intervention de ces fonds sur des sociétés côtées mais cela représentent un nombre d’entreprises extrêmement limité par rapport au scope traditionnel du secteur (quelques unes pour mille).

Dernier point : si j’écris ce type d’article c’est pour rectifier des contre-vérités habituelles dans nos média. Peut-être suis-je un peu provocant ou partie prenante, je n’ai aucun problème à le concéder mais je m’efforce de décrire des faits pas des fantasmes.


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