Commentaire de André-Jacques Holbecq
sur La dette ou le mythe de Sysiphe...
Voir l'intégralité des commentaires de cet article
Ils le savent aussi bien que vous, mais c’est à partir de 1973 que les choses ont commencé à se dégrader, alors que VGE voulait « faire moderne » (lisez sa réponse à ma question ci dessous)
Le samedi 19 juillet 2008, 16:39 par A-J Holbecq
Monsieur le Président
Si j’avais trouvé une adresse courriel directe, j’aurais pu éviter de
passer par ce blog. J’espère que votre équipe vous transmettra la
question qui suit, et que vous pourrez me répondre directement.
Le 3 janvier 1973, sous la présidence de Georges Pompidou, alors que
vous étiez Ministre de Finances, est entrée en application une réforme
importante des statuts de la Banque de France, dans lequel nous trouvons
ce très court article 25 ; « le Trésor public ne peut être présentateur
de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France », autrement
dit fut bloqué à ce moment toute possibilité de crédit de la Banque de
France au Trésor, et ici se trouve l’origine de la dette des
administrations publiques dans notre pays laquelle atteint maintenant
plus de 1200 milliards (au seul sens de Maastricht), et nous ponctionne
collectivement de plus de 40 milliards d’intérêts par an, payés aux
« déjà plus riches ».
J’aimerais que vous m’expliquiez, sans langue de bois, quel fut, à
l’époque, la justification de ce changement de cap qui nous ligote sous
la coupe des banques privées.
Avec ma considération la plus distinguée
Réponse de VGE
Par Valéry Giscard d’Estaing le vendredi 25 juillet 2008, 14:26 - Réponses aux bloggeurs - Lien permanent
@ A-J Holbecq : Réforme des statuts de la Banque de France
La réforme des statuts de la Banque de France, adoptée sous le mandat
de Georges Pompidou et lorsque j’étais Ministre des Finances, est une
réforme moderne qui a transposé en France la pratique en vigueur dans
tous les grands pays : il s’agissait à l’époque de constituer un
véritable marché des titres à court, moyen et long terme, qu’il soit
émis par une entité privée ou publique.
La possibilité du prêt direct de la Banque de France au Trésor public a
généré partout où il fut appliqué une situation d’inflation monétaire
permanente. Votre remarque sur l’endettement public est inexacte et
révélatrice : vous semblez penser qu’une dette du Trésor public envers
la Banque de France ne serait pas décomptée comme faisant partie de la
dette de l’administration publique. En réalité, il y a dans ce domaine
des règles bien connues qui définissent le montant des avances et prêts
de l’institut d’émission en faveur du Trésor public, avances et prêts
qui ont évidemment vocation à être remboursés et qui figurent de ce fait
dans le montant de la dette publique. Ce que vous supposez consiste à
dire qu’on aurait pu remplacer un endettement visible et structuré par
une simple émission monétaire. Mais ce serait ouvrir les bras au retour à
l’inflation des années 1950.
La justification inflation ne tient pas debout puisque l’inflation moyenne des 10 ans précédents 1973 fut de 4,4% et l’inflation moyenne des 10 ans suivants fut de 12,2 %