Commentaire de sasapame
sur Nous, on veut ! Pourquoi il faut quitter l'euro et démanteler l'Union européenne


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sasapame sasapame 21 juin 2012 18:52

@ Relladyant

oui, j’ai vu quelques unes de ses conférences. J’ai un peu discuté avec lui il y a quelques mois à Lyon. C’était avec un de mes amis et anciens camarades, qui bosse aujourd’hui avec vous. J’ai aussi posté quelques trucs messages sur des fils animés par des gens de l’UPR. L’un d’eux concernaient le tirage au sort et, ma foi, enterrait plutôt joliment le système fondé sur le suffrage universel et ses instruments, les organisations de masses, partis compris. L’une des quelques raisons pour lesquelles vous ne me verrez pas chez « vous »... Et puis, on ne peut pas être sur tous les fronts et d’ailleurs, en ce qui me concerne, après 8 ans de politique intensive je m’offre quelques temps de répit un peu mérité pour m’occuper de moi, de ma famille et de mon lieu de vie. ;) Bref, merci mais non merci... et bon courage. ;)

Au passage, transmettez-lui donc ça de ma part :

[Plutôt OK] sur le fond mais vous vous trompez sur la question de la clause de sortie de l’UE (article 50 TUE) qui a été introduite par le traité de Lisbonne.

Tout d’abord, bien évidemment, un « État membre » pouvait toujours quitter l’UE avant le traité de Lisbonne, pour la simple raison que tout traité (accord passé entre États souverains, par définition), ne vaut que tant que chacune des parties l’approuve et peut être dénoncé à tout moment par l’une des parties. Autrement dit, le 50-1 TUE n’apporte absolument rien car il est parfaitement superflu.

L’innovation irait dans le sens contraire, en réalité : il s’agit bien plutôt de soumettre un retrait de l’UE à des conditionnalités !

C’est classique, d’inclure dans un traité des clauses « transitoires » régissant la phase de sortie (et d’abrogation). Donc on pourrait considérer que cet article a été inclus justement pour éviter les déboires qu’une sortie « anarchique » pourraient causer à d’autres « États membres ». En fait, il s’agit surtout d’éviter la paralysie de l’UE elle-même. Ceci ne serait-ce que parce qu’en attendant qu’un nouveau traité soit signé entre les "États membres" restant, les règles de calcul de la majorité qualifiée, de participation au capital de la BCE, etc. ne valent plus.

Mais n’allons surtout pas imaginer que ça a été fait dans l’intérêt de l’État sortant...

En effet, le 50-2 stipule que [si un « État membre » a signifié son intension de quitter l’UE] "l’Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait [...]. Cet accord est négocié conformément à l’article [218-3 TFUE]. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen."

En clair : il faudra négocier la sortie et, dans ce cadre l’UE continuera à édicter ses règles, selon ses propres règles de fonctionnement. A minima, ça veut dire ceci : auparavant, un « État membre » pouvait sortir à tout moment de l’UE, et ceci sans devoir négocier selon des procédures fixées a priori et par d’autres, et que désormais, une sortie de l’UE doit se faire en négociant et, notamment, en prévenant à l’avance.

L’article 218-3 TFUE ? En clair, et en court : il s’agit de dire que les engagements internationaux en matière de commerce, que les « États membres » ont pris notamment à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce)... via l’UE (qui s’en charge elle-même depuis 1999), et bien l’UE se chargera elle-même de les renégocier au nom de l’État qui souhaite quitter l’UE... Qu’est-ce que ça cache ? Qu’est-ce que ça fait là ? En tous cas, l’UE et, surtout, toutes les puissances privées et/ou étrangères dont elle se fait le bras armé, auront nettement de quoi jouer la montre du côté des barrières douanières et autres barrières « non tarifaires ».

Pour ce qui est de prévenir à l’avance, songez, en particulier, à la question de l’effet de surprise pour une sortie de l’euro, laquelle sera à coup sûr synonyme de défaut de paiement, avec son lot de panique bancaire, de spéculation, de risque de fuite des capitaux, etc. et de dévaluation. Bref, il est clair que ce soi-disant progrès apporté par l’article 50 sera un boulet, au point qu’il faudra justement de violer quand on sortira de l’euro, sauf à être complètement irresponsable !

Attendez ! Le troisième alinéa nous dit, en clair, que si l’UE et l’État sortant ne s’entendent pas, les traités UE continueront de s’imposer à ce dernier pendant 2 ans. Une paille.

J’arrête là. A chacun d’imaginer les subtiles stratégies que certaines puissances pourront tirer de cet article que M. Asselineau (et d’autres valeureux souverainistes) continuent, complètement à tort, de considérer comme un progrès... Je me contente de soulever ces observations qui, je crois, méritent d’être signalées.


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