Commentaire de Morpheus
sur L'argent


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Morpheus Morpheus 29 juin 2012 10:26

Bonjour l’auteur. En parlant de cause des causes, et en prenant l’argent pour sujet, puis-je vous apporter (en bref), ma propre analyse ?

1. La monnaie est un instrument inventé par les humains pour échanger des marchandises et des services. Au moment où la monnaie a été inventée, elle a sans doute répondu à un besoin dans la façon dont les hommes voulaient s’organiser, et a donc sans doute rendu service pendant un temps déterminé. Le monde actuel, globalisé, avec la quantité de connaissances et de découvertes acquises depuis des générations, a changé, et ce système ne remplit plus la fonction pour laquelle il a été inventé : il est donc obsolète.

2. La monnaie, qu’elle soit matérielle (billets, pièces, or, etc.) ou virtuelle (données informatiques) n’a en elle-même aucune valeur réelle : on ne peut pas se nourrir avec des billets, ni produire de l’énergie, ni fabriquer une maison ou quoi que ce soit ; ce n’est pas la monnaie qui produit des richesses, ce sont les ressources (et leur valorisation par le travail) qui constituent la véritable richesse.

3. La valeur que l’on attribue à la monnaie est subjective et dépend de la confiance qu’on accorde à ces signes (nb. voir aussi le point 7 à ce sujet), mais également de la quantité de signes en circulation (inflation / déflation).

4. Par contre, la valeur des biens et des services va dépendre essentiellement de leur rareté : un produit, un bien ou un service abondant aura un faible prix ; un produit, un service ou une ressource quelconque se trouvant en faible quantité ou en pénurie aura un prix élevé (principe de la "loi de l’offre et de la demande").

5. Par conséquent, l’ensemble du système économique basé sur la monnaie est fondé sur la (gestion de la) pénurie : pour qu’un produit, une ressource ou un service ait une valeur, il doit être plus ou moins rare. Le suprême paradoxe étant que, pour maintenir sa valeur, la monnaie elle-même doit être rare ! (du moins, doit-elle être inégalement répartie entre les individus de façon à être peu voir pas accessible à une importante frange de la population).

6. Comme la quantité de signes (de monnaie) en circulation doit elle-même être en situation de pénurie, il en résulte que de manière générale, il doit ne jamais y en avoir assez pour tout le monde ... ! (on en viens à la dernière remarque du point précédant).

7. Ce système d’économie basée sur la monnaie doit reposer sur un ensemble de lois contraignantes, sans lesquelles l’ensemble des populations ne joueraient pas le jeu. Ces lois sont le ciment du système et ne peuvent être discutées, à la façon d’un credo religieux au sein d’une église.

8. Comme l’argent devient nécessaire pour se procurer les produits et les services nécessaires à vivre et prospérer, et comme il n’y en a pas assez pour tout le monde, il s’ensuit logiquement qu’il va y avoir concurrence et compétition.

9. De façon générale, l’ensemble des ressources (donc des richesses de la planète) vont aboutir - par le biais de la compétition et des inégalités - entre les mains d’un très, très petit nombre de personnes (en proportion au 7 milliards d’individus), et ces personnes, contrôlant de (très) grandes portions des ressources, déterminent elles-mêmes la rareté et les prix, quitte à détruire (ou dissimuler) les ressources excédentaires (il faut maintenir
- artificiellement ! - les prix, donc la rareté et la pénurie).

10.  Donc, tout système économique basé sur la monnaie revient in fine à organiser et pérenniser la pénurie et la compétition, plutôt que gérer de façon commune les ressources dans le but de générer l’abondance pour tous.

On peut réfléchir à toutes les implications et conséquences sur les comportements humains d’une société sans monnaie, sans argent, et où chacun à accès à tous les biens ou services dont il a besoin. Il est cependant nécessaire de bien garder à l’esprit que cette analyse nécessite de ne pas transposer nos propres comportements dans ce contexte, car nous-mêmes sommes névrosés par le contexte de la société actuelle : nous sommes matérialiste parce qu’il n’y en a pas assez ; nous amassons et nous sommes possessifs avec les biens matériels, parce que cela représente des richesses, du fait de leur (relative) rareté, et parce que la possession est le signe de la réussite et d’une « bonne vie ». Il en irait tout autrement dans un contexte où tous auraient accès tout ce dont il a besoin librement. Dans pareil contexte, les névroses possessives disparaissent. Le besoin d’accumuler (peur du manque) n’a plus besoin d’être. L’obsolescence planifiée disparait, et les ingénieurs peuvent - enfin ! - déployer toute leur créativité afin de développer des dispositifs et appareils solides, fiables et durables (puisqu’il n’y a plus besoin de répondre à des objectifs de rentabilité et de consommation renouvelée). Les vols n’ont plus lieu d’être, par conséquent, toute une série de crimes n’ont plus de raison de se développer. Libéré des tâches pénibles et dangereuses grâce à la robotique, les gens peuvent consacrer une grande partie du temps ainsi libéré afin de se consacrer, qui à la gestion de la cité, qui a l’étude, qui à des loisirs (créatifs ou non), qui à des associations culturelles, qui à la spiritualité, qui à la recherche... La participation à la gestion de la cité est encouragée et souhaitée, par le biais de l’application à tous les domaines de la politique (au sens noble du termes, c’est-à-dire « gestion de la cité »), des principes de l’Open Source.

Si nous sommes nombreux à simplement savoir et connaître l’existence de cette solution, lorsque la fracture arrivera (l’effondrement programmé du système), nous pourrons échapper à la « stratégie du choc » qui risque fort de nous être imposée par les oligarques. Nous pourrons dire NON à leurs prétendues « solutions », et exiger une société fondée sur une économie basée sur les ressources. La prochaine grande révolution a donc déjà un nom, un objectif clair, et une déclaration universelle : l’ensemble des ressources de la planètes sont le patrimoine commun de tous les êtres vivants, et nul ne peut se les approprier à son bénéfice propre.

Cordialement,

Morpheus


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