Commentaire de Morpheus
sur L'argent


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Morpheus Morpheus 29 juin 2012 21:31

La pénurie et la compétition préexistent, dites-vous, à la création monétaire. C’est plus subtil que cela.

D’abord, la pénurie précédant la création monétaire n’est que relative à l’aire d’influence et d’exploitation de tel ou tel peuplade : il n’y a pénurie qu’en fonction des ressources disponible ou non sur cette aire d’influence et de contrôle, pas dans l’absolu. C’est-à-dire que la Terre, au total, est à même de procurer une grande abondance dans un grand nombre de ressources, pourvu que celles-ci soient exploitées en respectant l’équilibre dynamique.

Cela signifie que, plutôt que de faire la guerre, les peuples peuvent (auraient pu) collaborer afin de partager équitablement les ressources. Le choix entre guerre (compétition agressive et recherche d’avantage différentiel) et collaboration (échanges mutuellement avantageux) ne dépend que du contexte socioculturel dans lequel évoluent les différents peuples.

Donc, considérant la pénurie, ce que l’on peut dire c’est qu’aujourd’hui, compte tenu primo que le monde est globalisé (accès à l’ensemble des ressources de la planète) et deuxièmement que notre niveau de connaissance et de technologie nous permet une transformation optimale (améliorable, mais capable déjà de produire en masse), de pénurie il n’y a plus. Pour preuve, les grandes quantités de déchets que nous produisons provient entre autre d’une surproduction. Seuls certaines ressources d’énergies (non renouvelables) sont en voie de pénurie, pour cause de surexploitation démesurée en 150 ans. Ce qui n’est pas une fatalité (c’est une question de mauvais choix, dût à l’avidité de quelques-uns).

Ensuite, la compétition. Celles-ci n’est pas non plus une fatalité. Elle n’est pas inscrite dans nos gènes. La croyance dans le fait que l’ordre naturel serait fondé sur la compétition est une croyance fausse, un sophisme libéral qui réinterprète dans un certain sens la théorie de l’évolution de Darwin. Dans la nature, ce n’est pas la loi du plus fort, mais la loi de l’adaptabilité qui prédomine. C’est cela que dit la théorie de Darwin. Pour s’adapter, il n’est pas nécessaire d’être obligatoirement compétitif. Dans de très nombreux cas, la nature montre une collaboration, une symbiose - inconsciente la plupart du temps, mais bien réelle - entre espèces (qu’elles soient végétales ou animales). L’homme n’est pas différent : il s’adapte à son environnement.

Cependant, du fait de l’avènement de la sédentarisation ET de la civilisation (vie dans la cité), l’homme a recréé un environnement différent de l’environnement naturel, et décalé des cycles et des lois naturelles. Les choix des humains ont mené à développer la compétition plutôt que la collaboration, et la domination de la nature plutôt que la symbiose avec ses rythmes. Ces choix peuvent être changés, pourvu que l’on revoit notre copie concernant nos croyances, nos habitudes, nos mœurs, notre culture.

On peut donc dire que la compétition n’est pas une fatalité, et qu’on peut (à mon avis, on DOIT) changer pour développer la collaboration et l’échange mutuellement avantageux, plutôt que la compétition et l’avantage différentiel. C’est d’autant plus vital que nous réalisions ce revirement de paradigme que nous sommes à présent (par la mondialisation et la technologie) véritablement interdépendant (dépendant les uns des autres = ce qui affecte les uns affecte les autres), et d’autre part, les équilibres naturels ont été bouleversés par l’activité humaine, et il est urgent de nous réaligner avec les rythmes naturels. Si nous ne le faisons pas, c’est nous qui perdrons. De toute façon.

Enfin, ce que l’on constate, c’est que les principes mêmes de compétition et d’avantage différentiel, s’ils ne sont pas inhérent à l’homme, sont gravés dans l’économie de marchés et la monnaie. Vous semblez me contredire sur le point cinq, pourtant c’est bel et bien la rareté qui fait la valeur (relative) des biens et des services (nier cela revient à nier les principes sur lesquels repose « la loi de marché », à savoir la loi de l’offre et de la demande). S’il pleuvait de la poussière d’or pendant un jour, tout le monde se précipiterait pour l’amasser (bien qu’on ne puisse rien en faire pour vivre, ni en boire ni en manger), mais s’il en pleuvait pendant 1 mois, tout le monde se demanderait comment se débarrasser de cette merde ...

Ce principe (loi de l’offre et de la demande) combiné à la compétition, génère inévitablement la rareté, et l’économie, aujourd’hui, consiste à s’accaparer les ressources (énergies, eau, nourritures, matières premières), les terres et la connaissance (brevets), et à thésauriser, afin de contrôler l’offre et la demande. Le capitalisme, c’est du communisme à la soviétique, mais inversé : dans un cas, les ressources sont contrôlées par des agents privés, dans l’autre par des apparatchik de l’état. Pour la grande majorité de la population, le résultat est le même : ils sont asservis par une petite minorité de voleurs de pouvoirs, qui ont tout intérêt à préserver un système fondé sur la compétition et la recherche d’avantages différentiels.

Mais ce n’est pas tout. Une autre excellente raison de sortir du système monétaire, c’est que la compétitivité induis toute une série d’effets pervers : exploitation (voir esclavage), obsolescence planifiée (pour alimenter la consommation), pollution et destruction environnementale, etc. Si nous sortons de ce système, ces effets pervers n’ont plus de raison d’être. Au lieu de déployer des trésors d’ingéniosité pour limiter la durée de vie d’un produit, les ingénieurs pourraient déployer leur créativité pour développer des produits de plus en plus fiables, durable et sécurisés.

Cordialement,
Morpheus


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