Commentaire de Luc-Laurent Salvador
sur A quoi sert la conscience humaine ? La question de l'observateur en physique. A propos de Mindful Universe, Quantum Mechanics and the Participating Observer, de Henry Stapp (2e édition, Springer, 2011)


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 23 juillet 2012 14:46

Même s’il faut saluer le remarquable effort de didactique, de synthèse et de réflexion produit par l’auteur, j’ai peur que s’applique ici le proverbe latin « ex falso sequitur quod libet » qui veut dire en somme « du faux il s’ensuit n’importe quoi ».

Le problème vient des physiciens qui savent tout ce qu’il y a à savoir de la MQ et de ses formalismes mais qui, revenus sur le plancher des vaches, sont des hommes comme les autres, cad, à peu près totalement ignorants de ce qu’est la conscience vu que la science est elle-même bien en peine pour la définir correctement.

Je ne veux pas jouer de l’argument d’autorité, je n’en ai aucune, mais disons que ma formation de naturaliste, d’évolutionniste et de psychologue m’amène à penser que les spécialistes de la MQ devraient continuer à faire de la physique et ne pas venir à la psychologie où ils sont comment des enfants faisant des pâtés de sable. Un coup de vent, un vague et tout cela est balayé. Cela ne vaut pas dix sous.

Pour aider au débat et ne pas me contenter de donner un simple avis négatif, je voudrais attirer l’attention sur un fait que je crois pertinent pour l’auteur vu qu’il s’intéresse aux automates intelligents.
Il sera d’accord, je crois, pour considérer que la robotique est une sorte de psychologie artificielle, ce que pour ma part, en bon piagétien, j’appelle une « psychologie théorique en acte » puisque la théorie peut y être immédiatement mise à l’épreuve : ça marche ou ça ne marche pas.

Dans un tel contexte, posons nous la question : qu’est-ce que la robotique a à foutre (pardonnez ce mouvement d’humeur) de la MQ ?
Rien, nada, que d’ale !
Il n’y a pas sur terre un seul robot qui prétende implémenter une organisation psychologique artificielle basée aussi peu que ce soit sur une conception de MQ.
Pourquoi cela ?
Parce qu’il n’y en a aucun besoin.
Même si elle aimerait bien le croire, la MQ n’a pas l’ombre d’un lien pertinent avec les mécanismes psychologiques.
La notion d’observateur en physique est juste un cheval de troie pour tenter d’envahir l’espace psychologique. Le problème, c’est que c’est une division par zéro.
Parce que notre connaissance de la conscience c’est zéro ou presque
Et que l’epsilon de connaissance que nous avons pointe vers un tout autre que la MQ.
Il suffit de s’intéresser à la conscience chez les protozaires pour vite régler la question.

Bref, quoi qu’il en soit, le jour où un robot fonctionnera efficacement en étant fondamentalement basé sur des principes de la MQ, je daignerai ouvrir une paupière.

Pour le moment, désolé pour l’auteur et ses efforts louables, on peut dire « circulez, il n’y a rien à voir » !


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