Commentaire de Sylvain Reboul
sur De la nécessaire légalisation de la prostitution
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Le fond chrétien (le personalisme) dont certains parlent est très récent : le respect de la personne et de ses droits fondamentaux est, pour les églises, le fruit d’une longue évolution générée par la lutte contre les églises et leur pouvoir théocratique, justement.
Mais passons..
1) Certains qui se disent chrétiens font , me semble-t-il, un amalgame rhétorique fallacieux entre le fait de donner ou de vendre (donc d’aliéner) sans espoir de retour pour son propriétaire un organe vital et le fait de le prêter ou de le louer temporairement et pour un certain usage dont le sujet de droit, loueur ou bailleur, reste propriétaire et dont il peut continuer de faire usage quand il le veut, telle ou telle partie de son corps, pour une activité rémunérée ou non et en tant qu’il le fait par choix non contraint. On dit bien « prêter main forte » ou « louer sa force de travail physique ou inbtellectuelle » et « ses bras ou son cerveau » voire « ses jambes »..... Pour moi les organes sexuels ne font pas exception et c’est en effet ce qui se passe dans la cadre de la prostitution légale ; ce qu’elle est, même en France, je le rappelle, mais hors tout droit social du travail et tout contrôle sanitaire..
Ce n’est pas la même chose que dans le cas de la location d’un utérus (mères porteuses) car les mères porteuse vendent un enfant qui ne sera plus le leur (aliénation) et que ce marchandage concerne non un service mais un sujet de droit transformé en simple objet de droit par cette transaction, et ce dès la naissance : l’enfant. La discussion du don d’enfant à un proche avec qui on reste en contact ainsi qu’avec l’enfant reste ouverte..
2) quant aux mineurs, leur sexualité n’est pas par définition autonomisée et donc elle n’est pas dans les conditions de se mesurer à celle des adultes et la soumettre c’est les soumettre ; de plus ils ne sont pas majeurs donc responsables des transactions dont ils pourraient faire l’objet. Surtout les enfants doivent être éduqués à l’autonomie dans une société libérale ; ce qui serait contradictoire avec une formation à la prostitution nécessairement forcée dans ces conditions. Prostituer ou former les enfants ou mineurs à la prostitution (ce qui revient au même ici) c’est les rendre esclaves, c’est du reste pourquoi le travail des enfants et une formation professionnelle trop précoce ont été interdits dans tous les états de droit et que cette interdiction vaut aussi sur le plan international (voir les textes de l’ONU à ce sujet)