Commentaire de sirocco
sur Mali : Vrais buts et enjeux. France gendarme. Afrique en danger


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sirocco sirocco 14 janvier 2013 14:02

vIl est probable que le Français moyen approuve l’intervention armée de son armée au Mali, puisqu’il est persuadé que cette intervention a pour motif de libérer un pays à moitié envahi par des terroristes barbares qui coupent les mains des gens, violent les femmes et détruisent des mausolées séculaires.

Comment pourrait-il en être autrement : depuis des mois, le Français est abreuvé d’images montrant des voleurs aux mains coupées, des gens qu’on fouette dans la rue, des barbus démolissant des murs à Tombouctou et des interviews de Maliens de la classe aisée affirmant que la vie est devenue un enfer dans le nord du pays.

Le conditionnement a été bien fait. Pas un mot des intérêts économiques des entreprises françaises dans la région, ni des visées néo-colonialistes des Occidentaux. Quand on puise sa seule information dans les médias français, on est convaincu qu’Hollande s’attaque au « terrorisme islamique » et à lui seul.

Cette approbation du Français moyen fléchirait sensiblement s’il apprenait que son armée engagée au Mali massacre des civils au passage. On veut bien jouer les gendarmes ou les mercenaires de l’impérialisme occidental mais il faut rester « clean ». Les « dommages collatéraux » sont assez mal vus des Français. Il ne faut donc pas qu’ils apprennent qu’il y en a... : 10 morts civils dont 3 enfants au Mali, 8 morts civils dont au moins un enfant en Somalie durant la tentative foireuse de récupération d’un otage (source : maliactu.net)

Problème que l’on sait résoudre depuis la Guerre du Golfe : il suffit de contrôler et de retenir l’information. Facile dans un pays où les rares médias qui ne sont pas entre les mains du pouvoir politique pratiquent avec zèle une auto-censure rigoureuse. Ainsi, on n’a pas (ou si peu...) entendu parler de ces victimes civiles innocentes de l’intervention française. Tout le monde joue le jeu, il n’y a plus de journalistes.

Les informations objectives sur cette guerre auront d’ailleurs du mal à filtrer : les reporters sont maintenus à l’écart de la zone des combats et Internet a été coupé au-dessus du nord Mali. On risque de retrouver cette mise-en-scène à laquelle les Américains nous avaient habitués en Irak : un porte-parole des militaires (parfois aussi un membre du gouvernement) racontant à un parterre de journalistes... ce qu’il a envie de raconter. Finalement, je me demande si les Chinois n’ont pas un bien meilleur accès que nous à l’information...  


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