Commentaire de cloutip
sur De Hérouxville au Haut Conseil de l'intégration de France : le parcours du combattant


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cloutip (---.---.238.182) 11 février 2007 18:36

EN FINIR AVEC LE MULTICULTURALISME

Manifeste pour un Québec laïque et souverain

Le débat qui fait rage sur l’accommodement raisonnable a le mérite de confirmer la volonté d’une majorité nette de Québécois de faire prévaloir l’égalité, la laïcité, et le partage d’une culture commune comme principes d’intégration. Ce débat appartient à l’ensemble de la nation, croyants comme athées, ruraux comme citadins, natifs comme immigrés.

Deux modèles d’intégration : multiculturalisme et laïcité

Ce débat illustre la confrontation entre deux modèles d’intégration qui reposent sur deux conceptions distinctes de la démocratie moderne.

Le premier modèle, le multiculturalisme, est celui que le Canada a adopté. Il repose sur un principe de cohabitation dans la différence. Principe bien exposé dans le guide « Le Canada et les nouveaux arrivants » du Ministère fédéral de la citoyenneté et de l’immigration : « Le Canada est peuplé de gens qui sont arrivés de toutes les régions du monde. Par sa Loi sur le Multiculturalisme canadien, le gouvernement encourage les Canadiens à être fiers de leur langue, de leur religion et de leur héritage, et à conserver leurs coutumes et leurs traditions. ». Voilà le principe d’intégration du multiculturalisme, un principe non contraignant d’intégration, même dans l’espace public.

Le second modèle, celui que le Québec a choisi démocratiquement depuis la Révolution tranquille, est plus laïque et d’inspiration plus républicaine. Ce modèle met l’accent sur la liberté et l’égalité, en valorisant l’inclusion de tous à la communauté nationale via le partage d’une culture commune, notamment par la langue. Il favorise un vivre-ensemble fondé sur ces principes communs. Vivre-ensemble offert en accueil aux nouveaux arrivants et basé sur l’adhésion à une culture partagée.

Notre société a fait le choix d’un autre modèle d’ouverture à la diversité et d’accueil des nouveaux arrivants, qui valorise le vivre-ensemble, plutôt que le vivre-dansla- différence, comme fondement de la démocratie.

Toute nation a le droit de faire ses choix démocratiques et le modèle d’intégration que le Québec privilégie est pleinement légitime. Les événements récents rappellent aux Québécois que leur modèle de société est dénaturé par le cadre juridique et politique du Canada, puisque le principe du multiculturalisme est enchâssé dans la Constitution de 1982, que le Québec n’a jamais adoptée. L’écart entre le verdict de la Cour suprême et

-  celui de la Cour d’appel du Québec sur le port du kirpan illustre les restrictions imposées au Québec par le Canada.

L’ « affaire Hérouxville » et l’affirmation de l’existence du Québec

Le débat sur les accommodements raisonnables est révélateur du conflit entre le modèle canadien et le modèle québécois. La diffusion de l’esprit du multiculturalisme et sa promotion idéologique active sèment la confusion quant aux principes et aux conduites à suivre dans l’organisation de l’espace public québécois. L’accommodement raisonnable est devenu une notion fourre-tout, où les principes juridiques sont noyés dans des décisions d’ordre administratif. Le modèle multiculturaliste canadien entre en conflit avec le modèle laïque québécois et son principe d’intégration qui passe par le vivre-ensemble. Ce conflit engendre des entorses au principe de l’égalité dans la laïcité, que les Québécois ont choisi depuis la Révolution tranquille.

Le fameux code d’Hérouxville, certes maladroit, voulait néanmoins rappeler une vérité partagée par la majorité : le Québec existe comme société avec ses valeurs et sa culture propres. Vérité cachée par les lois de citoyenneté canadienne et voilée par l’application de la loi sur le multiculturalisme. La multiplication des accommodements raisonnables prive les citoyens d’un espace public neutre. Cela encourage des pratiques administratives et des normes d’organisation de la vie publique contraires aux principes d’intégration québécois. Ces pratiques, et les principes qui les inspirent, séparent au lieu de réunir, opposent au lieu de concilier, maintiennent dans la différence au lieu de rassembler. Les débordements dans le débat lancé par Hérouxville ne doivent pas tromper : ce n’est pas telle ou telle religion qui est en cause, mais bien le multiculturalisme comme modèle d’intégration et de société.

Le Québec ne doit pas craindre de valoriser son modèle d’intégration. Au contraire, offrir une culture nationale en partage est un principe généreux et inclusif. Le Québec sera d’autant mieux en mesure d’intégrer qu’il n’y aura aucune confusion sur le cadre de son hospitalité. La culture québécoise existe et c’est parce que nous voulons l’offrir en partage que nous avons fait le choix d’accueillir des immigrants. Le débat actuel nous amène à voir que ce conflit entre modèle canadien et modèle québécois est inévitable dans le cadre canadien.

La souveraineté pour trancher entre multiculturalisme canadien et laïcité québécoise

Nous croyons que les Québécois veulent que soient affirmés les principes d’égalité, de laïcité publique, dans un cadre où la culture commune compte, inspirant les

-  principes d’intégration et les modalités de règlement des différends. La Charte de la langue française l’affirme déjà, en partie : mais pour le faire complètement, une citoyenneté québécoise est essentielle. Le débat, même trop émotif, parfois échevelé, qui secoue l’opinion depuis plusieurs semaines en démontre le pressant besoin. Pour l’heure, les néo-Québécois sont assermentés nouveaux citoyens canadiens sans être encouragés à s’intégrer à la nation québécoise. Ce n’est pas ainsi que le Québec conçoit l’inclusion.

Une politique d’immigration réussie au Québec devrait accueillir de nouveaux citoyens officiellement québécois, faisant pleinement leurs cette nation, cette démocratie et cette culture. La politique officielle canadienne compromet cette intégration en niant la nécessité de s’intégrer à la culture québécoise pour réaliser pleinement sa citoyenneté. Or, en ces matières, il ne peut y avoir qu’une seule source d’autorité légitime. La souveraineté offre la seule solution concrète : une citoyenneté québécoise légale dans une République laïque et souveraine.

Endossez-vous ce Manifeste ? Si oui, et que vous voulez rendre publique votre signature, apposez-la en répondant « Je signe » à l’adresse courriel suivante, en indiquant vos coordonnées et votre qualité : [email protected]

Charles Courtois

Dominic Courtois

Robert Laplante

Danic Parenteau

Guillaume Rousseau

Montréal, le 8 février 2007


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