Commentaire de lulupipistrelle
sur La Tauromachie, au risque de l'analyse


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lulupipistrelle 9 février 2013 15:55

Un exemple de sa prose...


Les deux piques prises en brave par le Palla valaient bien un brindis ; déjà la montera, de

 mains en mains, dans une chaîne célestophore, montait vers les étagères en direction de

 l’orchestre auquel T dédiait sa faena. Emue, je songeais à R.M et à sa disparition en début

 d’année….Après une entame classique, le bicho semblant bien parti pour collaborer,

 s’élevèrent , d’un signe de R, les premières notes de la musica. Stupeur : au lieu des

 accents dramatiques et martiaux de « Nerva » ou « La Giralda », le « Concierto de 

 Aranjuez »débarque en novillada, comme ça, sans prévenir. Le temps d’un demi- sourire 

 teinté d’ironie, souvenir d’une énième diffusion du morceau aux Championnats d’Europe 

 de Patinage Artistique, qu’en bas le T…ito vient d’en allonger une parfaitement liée, 

 templée, maîtrisée à son torito étonnant. La trompette , toute en soie, décline avec retenue 

la partoche de Joaquin  Rodrigo ; « c’est beau, hein la musique… » me dit G avec un truc 

 bizarre dans sa voix. Sur le sable, la muleta de T se fait voile, pour la cara d’ « Indefenso » 

 qui s’en pare au ralenti d’un temple bouleversant ; mes larmes commencent à rouler , 

incontrôlables, jusque dans mon cou. La pureté du toreo me laisse sans souffle, sublimant 

 le chant d’une infinie douceur, de l’infinie tristesse de la vie qui s’en va ; R de là-haut, va 

 bientôt faire jouer « Puerta Grande » pour Indefenso… T l’accompagne, dans ce temps 

 suspendu, où la main, délicate, sculpte des naturelles de mousseline. Et ces pleurs qui ne 

s’arrêtent pas…A côté deG, M. aussi s’embue sérieusement, l’arène fait chœur de ses « Ole 

 » assourdis pour un exodos tragique, scandant l’émouvante interprétation de l’orchestre.

T… échoue à la mort. 

En larmes, après s’être retiré d’une vuelta protestée par quelques monolithes imbéciles, il

 reviendra faire le tour de l’arène à la demande de la Présidence ; je chialais trop pour lui

 sourire, mais l’applaudis debout bras au ciel. Deux rangs plus bas, un minable, de la race

 des taurocomptables, sifflait, estimant que six descabellos interdisaient toute forme de

 reconnaissance. J’ai bien cru que X et Y[ des prénoms féminins, note...] le laisseraient 

 pour mort à la fin de l’empoignade verbale qui s’en suivit, tant il est vrai que les filles du 

Club, dans leur passion, ne laissent pas de terrain à l’adversaire quand il n’est pas de

 verdad.


J’ai pris le soin de masquer les noms et prénoms , tous masculins sauf X et Y... 


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