Commentaire de Roungalashinga
sur Dédoublement des discours religieux et philosophiques et maintenant scientifiques (I)
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Roungalashinga écrit d’excellents commentaires. Pourriez vous en faire des articles ?
Ce n’est pas la première fois qu’on me dit ça. Ca me fait très plaisir, mais je suis trop paresseux pour écrire des articles. C’est que j’ai le sens du travail bien fait, donc un article, ça me prendrait des heures et des heures de boulot, contrairement à la plupart des rédacteurs du site qui en prennent une tout au plus. Ce n’est donc pas dans mes priorités pour le moment. Un jour, peut-être...Pour le moment, je préfère me contenter de commentaires spontanés.
Je n’ai pas bien compris la distinction entre corporations au savoir caché, et la Franc - Maçonnerie qui a a aussi un savoir caché et que vous ne semblez pas prendre en bonne part. Pourquoi cela ?
En fait je récuse cette notion de « savoir caché ». Elle laisse entendre que si l’on entre dans une confrérie ésotérique, on va nous fournir une connaissance qui va nous donner la vérité sur les buts ultimes de la vie. Une phrase du genre « la vie, c’est... », « la mort, c’est... », qu’on reconnaîtrait immédiatement pour vraie et qui bouleverserait notre manière de concevoir notre existence une fois qu’on l’a entendue, et bien entendu qu’on se garderait bien de divulguer par la suite. Même si certaines sectes proposent des explications de ce genre, il s’agit de contenus de foi, et en aucune manière d’un savoir positif (tel que « l’eau bout à 100°C, par exemple). On peut tout à fait récuser ces contenus de foi à l’aide d’autres contenus de foi (par exemple : »les hommes ne vont pas au Paradis ou en Enfer après la mort, car ils se réincarnent en un autre être vivant« ), et ce qui influence réellement notre rapport à l’existence, c’est la manière dont nous accordons de l’importance à un contenu de foi particulier. Par conséquent, si en entrant dans une société secrète on m’apprend que la vérité, c’est Matrix, à moins qu’ils me fournissent la pilule bleue rien ne m’oblige à y apporter un crédit qui me transformerait de l’intérieur. Donc il n’existe aucun »savoir caché" de ce genre, d’autant plus que si il en existait, plus d’un auraient vendu la mèche !
Là où commence l’ésotérisme, c’est lorsque quelque chose nous transforme de l’intérieur et nous met en relation avec ce que nous sommes au plus profond de nous. Il s’agit d’une expérience, et ce n’est pas un savoir qui peut nous la procurer. En revanche, certaines attitudes, certains exercices, et certaines croyances peuvent orienter le pratiquant dans une direction qui l’amènera à connaître cette expérience. Au niveau de l’art ou de l’artisanat, il s’agit de mettre dans sa création quelque chose qui soit profondément personnel. Bien sûr, cela ne peut se faire qu’après avoir acquis un savoir-faire par une pratique assidue (ce que les chinois appellent...kung fu). Il est à noter également que le mouvement répétitif peut très bien être l’occasion d’engager tout son être dans chacun des gestes qu’on effectue, coup d’aiguille après coup d’aiguille, coup de ciseau après coup de ciseau. Cette conception est encore très présente au Japon. En ce qui concerne les exercices, on peut penser à la prière, la méditation, ou la répétition de prières, ou de mantras. Et pour la croyance, cela peut résider dans la manière dont nous sommes transformés intérieurement en accordant une foi totale à un dogme, ou alors dans la dévotion que l’on exprime lorsqu’on s’adresse à la divinité. Voilà tout l’ésotérisme, c’est très simple à raconter, mais très difficile à mettre en pratique, car nous sommes des êtres qui avons accumulé un certain nombre de blocages psychiques et dont l’esprit est parfois trop compliqué pour comprendre les choses les plus simples. Nous sommes déchus.
Vous voyez donc bien que de mon point de vue, l’ésotérisme ne réside nullement dans un savoir, mais dans une expérience intérieure. Je considère donc ceux qui prétendent le contraire comme des imposteurs. Et j’espère que mon explication sur l’ésotérisme présent dans l’artisanat peut vous faire comprendre en quoi les corporations et le compagnonnage, ne dispensant aucun autre savoir que le savoir-faire, étaient des cercles où une expérience ésotérique pouvait se produire. Cela dit, il ne faudrait pas non plus imaginer que dans l’Ancien Régime tous les ouvriers avaient un haut niveau spirituel. L’ésotérisme concerne en général 1% des individus.
J’espère que cela a répondu à vos questions.