Commentaire de lloyd henreid
sur Un homme est mort


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lloyd henreid lloyd henreid 12 mars 2013 14:22

Bonjour le Moine, et merci pour votre point de vue qui est intéressant.

Je n’ai rien à redire sur l’article ni (surtout) sur sa conclusion : c’est précisément la liberté d’opinion, et l’expression de celle-ci, qui me semblent la seule forme de résistance possible à l’Empire càd à l’avènement du NOM (l’innommable, ironiquement) qui est en bonne voie. Je crois que c’est Huxley qui décrivait l’idolâtrie comme l’un des plus grands dangers de ce monde, celui qu’ils nous préparent. Ça me semble très juste.

Toutefois et pour simplement compléter votre article, je sais pour l’avoir entendu dans ses discours, que Chavez ne prônait pas l’établissement d’un réel « bloc » de résistance à l’instar des unions « forcées » de l’Europe ou des USA : au contraire, il était fier des liens qu’il avait contribué à créer avec ses voisins dans le cadre d’une union « libre » càd sans contrainte, une coopération dans le respect de chacun. La liberté, la souveraineté des nations. Je n’en suis pas sûr mais il me semble que je l’ai entendu dans ce discours, que décidément je viens de semer ailleurs aussi (mais rassurez-vous, j’en ai quand même vu d’autres hein !).

C’est cornélien, tout ça. Ce qu’il y a de peut-être plus terrible dans ce processus qui nous enserre, c’est l’absence de réelle échappatoire : on fait le jeu du système soit qu’on lui résiste, soit qu’on y collabore. La logique des blocs tourne à plein régime et produit de bons résultats, c’est même la base de l’effroyable perspective : une nouvelle guerre totale qui pourrait jaillir d’Israël et de l’Iran, embrasant le monde dans le feu nucléaire comme pour donner vie, vraiment, aux prophéties de Saint Jean et de Saint Malachie. Celles dont les plus atteints d’entre nous s’inquiètent en coulisses, surveillant le conclave la boule au ventre.

Mais alors que faire ?

Je pense que la réponse figure dans votre article : chaque citoyen détient l’ultime pouvoir de refuser d’entrer de force dans les cases ou « catégories » politiques, sociales, ou religieuses vers lesquelles le système nous pousse. J’ai pleuré Chavez non parce qu’il est socialiste, communiste ou que sais-je : je l’ai pleuré parce qu’il tenait un discours d’amour, d’ouverture, de respect de la vie et qu’il « résistait », ce qui malgré tout me semble urgent tout de suite. Au moins pour ralentir la progression de l’Empire. Chavez le Chrétien qui saluait le monde arabe, les musulmans et dont le président iranien attend le retour « aux côtés de Jésus », le héros des Chrétiens, « et de l’Homme Parfait », celui des Musulmans. Un discours fraternel et « trans-catégorique » qui fait du bien, je trouve, dans un monde qui essaie sans cesse de nous diviser. J’y déplore simplement l’absence de mention des Juifs qui, à mon avis, seront les premières victimes sacrifiées en cas d’embrasement.

J’aime à comparer ma vision de la situation au chef-d’œuvre de Tolkien, le Seigneur des Anneaux : on y trouve un mage un peu fou, énigmatique, qui passe son temps à courir dans tous les sens pour fédérer les différents peuples, elfes, nains, et humains, contre le Mal qui menace de tout engloutir. Sauron dont l’œil et le cristal séduisent tout autant que l’anneau, mystifient, dont Stephen King reprendra le « glam » dans sa Tour sombre, et qui n’est pas sans rappeler la télévision. Il y a dans l’histoire de Tolkien des héros, je veux dire « visibles » : Aragorn, Legolas... qui certes peuvent mener des batailles comme Chavez pour « ralentir » le Mal, gagner du temps mais qui n’ont pas le pouvoir de remporter la guerre et de l’éradiquer. Cette mission-là revient aux Hobbits, « petites » gens qui préfèrent vivre en paix, s’amuser, ne pas s’impliquer mais pourtant c’est l’un d’entre eux qui (dans une quête bien solitaire) devra porter l’anneau à la forge et le détruire. Et ce, au prix d’un immense effort de volonté.

Je crois que c’est pareil dans le monde réel : des héros comme Chavez peuvent tenter de ralentir la progression de l’Empire, se dresser face à lui, combattre mais ils ne pourront pas l’arrêter. L’Empire se nourrit de leur résistance, quelque part. Le seul moyen de lui résister vraiment, d’empêcher son avènement, c’est de nous rassembler en dépassant tous les clivages, tous les antagonismes, et en acceptant de sortir du « divertissement », tous ces bonheurs illusoires, pour voir les choses en face et pour les affronter. Nous sommes, nous citoyens, les pions de cet Empire : cessons de jouer, prenons en mains notre destin, et il s’effondrera comme un château de cartes. Car c’est tout ce qu’il est.


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